Guinée, 26 Août (IBC) – En ce 25 août 2022, l’ancien maire de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo se souvient d’un évènement majeur vécu à Conakry et qui a pratiquement marqué le signe annonciateur du rejet systématique du projet de communauté franco-africaine proposé aux colonies françaises par le Général De Gaulle, rapporte votre quotidien en ligne infosbruts.com basé en Moyenne Guinée.
25 août 1958 – 25 août 2022. Cela fait 64 ans, jour pour jour, depuis que feu Ahmed Sékou Touré, alors vice-président du gouvernement la ‘’Semi-autonome’’ prononçait un discours historique qui continue de retentir dans la conscience collective. C’était à l’occasion de la réception à Conakry du Général De Gaulle alors tournée de sensibilisation des colonies françaises en faveur de son projet de « communauté franco-africaine.»
En provenance de Brazzaville, le président français a atterri dans la journée du 25 août 1958, à Conakry où il a eu droit à un accueil très chaleureux marqué par une forte mobilisation populaire de l’aéroport à l’actuel siège de la Haute Autorité de la Communication (HAC), à Kaloum.
« La réception était grandiose. Le Général DE GAULLE, très marqué et joyeux par la forte mobilisation populaire, était certain que c’est acquis d’avance que la Guinée va accepter la communauté franco-africaine et peut-être même que les guinéens vont appuyer son projet de communauté. C’est dans ces circonstances que Saïfoulaye Diallo a pris la parole pour adresser le message de bienvenue au Général De Gaulle et à sa délégation. Ensuite, il a passé la parole au premier vice-président du gouvernement Semi-autonome qui était Sékou Touré pour dire la pensée du peuple de Guinée par rapport à l’objet de la visite de l’hôte. Ainsi, dans son discours de circonstance, Sékou Touré a dit nous avons un premier et indispensable besoin, c’est celui de notre dignité. Or, il n’y a pas de dignité sans liberté. C’est pourquoi nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. Et ce message fort a surpris et choqué le Général De GAULLE que nous connaissions comme étant l’autorité la plus noble à cette époque. Cela a touché donc profondément le Général qui selon certaines sources a oublié ou a failli oublier son Képi après son message réponse. Tellement qu’il était choqué. D’ailleurs, après Sékou Touré, il y a eu un tonnerre d’applaudissements et de cris de joie venant de la foule et d’autres porteurs de pancartes. Dans le langage de Sékou Touré, le peuple a applaudi. Les louanges du Syli ont été chantés. Tout cela a perturbé le Général au point quand il s’est levé pour intervenir, c’était un homme énervé déjà. Le Général a dit ceci avec un ton élevé : ‘’on a parlé d’indépendance, je le dis ici plus haut qu’ailleurs, que l’indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre le 28 septembre en votant NON à la communauté franco-africaine. Et dans ce cas, je garantis que la métropole n’en fera pas obstacle. Elle en tirera des conséquences bien sûr mais d’obstacles elle n’en fera pas. Ainsi votre pays pourra comme il voudra, dans les conditions qu’il voudra suivre la route qu’il voudra’’. Voici les conditions dans lesquelles le général s’est séparé de ses hôtes guinéens pour reprendre son avion et partir » a expliqué l’ancien maire de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo.
Poursuivant son témoignage, ce professeur de sciences sociales qui fait valoir ses droits à la retraite dans la commune urbaine de Labé rapporte qu’après cet évènement majeur qui a déclenché le processus de l’indépendance de la Guinée, les guinéens ont bien préparé le référendum du 28 septembre 1958.
« Des sensibilisations avaient été menées partout avec des délégations qui ont sillonné tout le pays pour expliquer la portée du NON au referendum du 28 septembre. A Conakry, il y a eu une conférence territoriale qui avait regroupé les syndicats, les partis politiques, la société civile. Donc tout le monde s’est retrouvé pour profiter de l’opportunité qui leur a été offerte pour voter NON le 28 septembre. C’est ainsi que le 28 septembre 1958, sur les 8 colonies de l’Afrique occidentale française, le NON l’a emporté largement en Guinée. La France n’avait plus le choix que de rendre à la Guinée son destin. Ainsi, le 02 octobre 1958, l’indépendance de la Guinée a été proclamée. Sekou Touré est devenu le premier président de la République de Guinée. Mais le processus de l’accession de la Guinée à l’indépendance s’est déclenché le 25 août 1958, mais la journée du 28 septembre a été plus célèbre » ajoute l’auteur du livre « Canicule du pouvoir » dont les deux premières parties sont justement consacrées son témoignage sur la période coloniale et le régime de la révolution sékoutouréenne.
Il convient de signaler que ce rejet de la communauté africaine par la Guinée a contraint la France du Général De Gaulle à abandonner le projet 2 ans après. Car, tous les autres pays africains francophones ont obtenu leurs indépendances en 1960.
Idrissa Sampiring Diallo pour infosbruts.com
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