Labé, 21 Févr (IBC) – La tendance wahhabite et la communauté soufis de la majorité sunnite du quartier Fadi, relevant de la commune urbaine de Labé ont décidé d’unir leurs forces pour combattre avec la dernière énergie un prédicateur islamique du nom de Boubacar Diallo, connu sous le sobriquet d’Aboubakri, habitant Boléya, un secteur du quartier Tata I, qu’ils qualifient de dangereux pour la paix et la quiétude sociale, rapporte infosbruts.com, votre quotidien en ligne basé en Moyenne Guinée.
A l’issu d’une réunion de concertation tenue, vendredi, 18 février 2022, à la grande mosquée de Fadi, les notables de la localité, en concertation avec le bureau du conseil du quartier, ont décidé d’envoyer une délégation mixte composée de wahhabites et de soufis auprès de la ligue islamique communale pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié de manœuvre subversive menaçant la paix et la quiétude sociale dans Labé et ses environs dont se rendraient coupables le sieur Boubacar Diallo dit Aboubakri Boléya et son groupe.
Après une concertation riche en enseignements entre la délégation de la population de Fadi et les représentants de la ligue islamique communale qui a eu lieu dans les locaux de la structure religieuse, le samedi, 19 février 2022, près de la mosquée centrale de Labé, le président du conseil du quartier a déposé, hier, dimanche, 20 février 2022, auprès des autorités religieuses de la ville une plainte contre Boubacar Diallo dit Aboubakri Boléyah et certains de ses associés dont Abdoul Ghadiri Diallo, Mamadou Diouldé Barry, Mamadou Habib Sow, Zakariaou Diallo, etc.
Ces mis en cause sont accusé de vouloir se servir de leur complicité avec Mamadou Habib Sow (citoyen de Fadi) pour tenter d’imposer les imams et les muezzins d’une mosquée wahhabite construite à Fadi alors qu’ils habitent d’autres quartiers de la commune urbaine. Cette démarche jugée provocatrice a failli provoquer des affrontements dans ladite maison de Dieu.
Pour la petite histoire, des wahhabites du quartier Fadi ont saisi une bonne volonté pour solliciter son appui en vue d’obtenir un domaine dans le but de bâtir une mosquée. Cette démarche de wahhabites de Fadi a été effectuée au moment où Aboubakri Boléya et son groupe venaient d’être chassés de Dombi, un secteur du quartier Daka I de la commune urbaine de Labé pour y avoir provoqué un affrontement dans lequel des coups de feu ont été tirés à l’intérieur du bâtiment qui leur servait jusque-là de lieu de culte. Ils sont alors venus se greffer à leurs coreligionnaires de Fadi qui n’ont rien soupçonné des intentions inavouées du groupe du prédicateur islamique de Boléya.
Quand la parcelle a été obtenue à Fadi, une campagne de souscription a été lancée pour la réalisation de la mosquée. A la fin des travaux de construction de l’édifice, le groupe de Boléya a pris le devant en choisissant des imams et muezzins de ladite mosquée. Les citoyens de Fadi ont tout de suite protesté en notifiant aux étrangers qu’ils ne peuvent pas quitter leurs quartiers résidentiels (Tata I et Daka I) pour venir dicter leur volonté où ils sont étrangers.
Aboubakri Boléya et son groupe ont alors brandi l’argument de détenir un document attestant que le donateur a acheté le terrain pour leur association basée à Tata I. Faux, rétorquent les autochtones de Fadi qui rappellent avoir eu l’idée et mené les démarches nécessaires pour l’obtention de la parcelle, au nom de la population locale.
Face à cette situation, le président du conseil du quartier, Elhadj Abdourahmane Diallo décide de convier le donateur à une réunion de crise pour avoir d’amples informations. Au cours de la rencontre, le donateur n’est pas allé du dos de la cuillère pour insister, persister et signer qu’il a donné le terrain aux citoyens de Fadi et non à une association. Il précise que s’il a signé un document attestant que c’est à une association qu’il a donné le terrain, c’est qu’il a été trompé par ceux qui ont manœuvré pour obtenir cette signature.
La tension monte d’un cran. Fort du document qui n’a pas été montré à cette réunion de crise, le groupe d’Aboubakri Boléya menace de porter plainte contre le donateur s’il ne revient pas sur ses déclarations. De son côté, convaincu de son intention de départ, le donateur décide d’affronter les responsables de l’association jusqu’au bout.
Entretemps, le président du conseil du quartier pose trois actes majeurs. Une plainte contre des lieutenants de Boubacar Diallo dit Aboubakri Boléya déposée au parquet du Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, parce que les intéressés seraient venus à Fadi, un jour, perturber la prière de 20 heures, en lisant une liste de personnes que leur instigateur a choisi pour administrer ladite mosquée. Une décision interdisant aux intéressés de fréquenter ladite mosquée, dans le but de mettre en sécurité ses citoyens et une autre décision confiant l’administration de la mosquée à des notables habitants à côté de ladite Maison de Dieu.
Quelques jours après ces actes posés par le président du conseil du quartier et le parquet de Labé n’ayant donné aucune suite à la plainte déposée par cette autorité locale, Boubacar Diallo de Boléya, agissant au nom de son association qui tient à être, de gré ou de force, propriétaire du terrain sur lequel est bâti la mosquée décide d’assigner le chef du quartier et le donateur à comparaitre devant le Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, le 24 février 2022, prochain et jours suivants s’il y a lieu.
C’est justement en raison de cette tentative d’user de méthodes machiavéliques pour défier les autorités du quartier et toutes les autres institutions sociales locales, que la population a décidé de se mobiliser pour freiner Aboubakri Boléya et ses complices dans leur élan de vouloir mettre toujours les citoyens de Labé sous pression.
Parallèlement à cette démarche, les notables de la coordination wahhabite de Labé ont envoyé une forte délégation dans la famille du donateur pour lui exprimer toute la solidarité face au comportement du sieur Boubacar Diallo. Cette coordination pourrait, dit-on, dans les prochaines heures prendre des mesures draconiennes et publier une déclaration contre ce prédicateur islamique jugé dangereux à Labé par wahhabites et soufis.
L’on se rappelle que c’est bien lui Aboubakri Boléya qui avait dit devant le gouverneur de Labé, entouré des chefs des services de défense et de sécurité qu’il a reçu des Djihadistes chez lui, au moment où le monde entier faisait face à la situation du Nord du Mali.
Par ailleurs, les citoyens de Fadi se demandent aujourd’hui pourquoi Aboubakri et son groupe s’accrochent à leur idée de vouloir contrôler une mosquée alors que les textes guinéens disent qu’aucun citoyen, ni association ne peut être propriétaire d’une mosquée. La mosquée appartient à la population, donc à l’Etat même si elle a été construite par des privés (y compris des associations). Et dans aucun livre coranique il est mentionné qu’on imposer des imams ou des muezzins à des fidèles fréquentant une mosquée donnée.
C’est dire que même si ce groupe gagnait le procès contre le donateur et le chef du quartier de Fadi, aucune autorité judiciaire, politique ou administrative ne peut légalement lui donner la latitude de choisir les imams et les muezzins de la mosquée wahhabite de la localité. Cette prérogative revient universellement à la population locale, à travers les fidèles fréquentant ladite mosquée.
Il est intéressant de suivre le dossier pour voir comment les magistrats de Labé vont-ils s’y prendre pour résoudre cette crise. Car quelques soient les documents du terrain présentés à la barre, qu’ils soient faux ou authentiques, aucune décision de justice ne pourra lui donner le droit de désigner des imams, en lieu et place des fidèles musulmans concernés.
Au pire des cas, la justice peut lui dire que le terrain appartient à l’association. Mais, ça s’arrête là. Une mosquée y est déjà construite. C’est désormais une place publique qui n’appartient ni au donateur du terrain, ni à celui qui veut être déclaré bénéficiaires du terrain offert. Ce qui est public appartient à l’Etat, donc à la population. Mais, non à un individu ou à un groupe d’individus. Et puis, il est personna non grata à Fadi, parce qu’il y apporte la violence alors qu’il habite Boléya, dans le quartier Tata I, de la commune urbaine. Il ne peut pas traverser Daka II et Daka I pour aller troubler la quiétude sociale à Fadi.
En attendant la fin de cette bataille judiciaire, il convient de signaler que les autorités religieuses de Fadi demandent aussi à la ligue islamique et au maire de la commune urbaine de mener des enquêtes sur la validité et l’authenticité de l’agrément N°896/MIS/CAB/DNLPAJ/08 de l’association délivré en 2008, par le ministre feu Mohamed Beau Keïta, et régulièrement utilisé par Aboubakri et ses complices pour provoquer des incidents partout où le prédicateur islamique mis en cause passe.
A cela, il faut ajouter la nécessité de faire contrôler par les services compétents le contenu de ses prêches régulièrement organisés dans la périphérie de la ville, loin des regards des autorités religieuses de Labé.
Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com