Labé, 27 Juillet (IBC) – La commune rurale de convergence de Sannoun, dans la préfecture de Labé n’a qu’un seul policier pour plus de 20 mille citoyens administrés par un conseil communal dont les membres sont majoritairement analphabètes, entourés de présidents de districts qui ne font pas bien leur travail et des commerçant qui font preuve d’incivisme, a appris votre quotidien en ligne infosbruts.com du maire de la localité.
Infosbruts.com : monsieur le maire, comment se porte aujourd’hui la commune de convergence de Sannoun ?
Amadou Habib Diallo : La commune de Sannoun se porte bien.
En termes de bilan, qu’est-ce que vous avez pu réaliser ces derniers temps ?
Avec l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC), nous avons construit un dispensaire avec un logement de l’infirmier, clôture grillagée, forage et éclairage solaire dans le district de Konndel. Nous avons construit le foyer des jeunes bien aménagé et équipé à Sannoun Centre.
Avec l’appui de l’Unicef, nous avons construit deux Centres d’Encadrement Communautaire (CEC), une sorte de jardin d’enfants communautaire au niveau de Sannoun Centre, un CEC à Hamdallaye et un autre en perspective à Konndel.
En dehors des fonds de l’ANAFIC, qu’est-ce que votre équipe a-t-elle pu faire à partir des ressources internes ?
Nous avons pu désenclaver, avec l’appui de nos citoyens, toutes les routes entre les différents secteurs de notre commune. Entre les secteurs et les districts, les districts et le chef-lieu de la commune.
Nous nous attelons à l’assainissement permanent de notre marché. Hebdomadairement, nous avons recruté quelques 80 femmes qui se réunissent, chaque dimanche, pour nettoyer complètement le marché.
Nous avons eu une adduction d’eau avec l’appui de l’Unicef pour 14 bornes fontaines à Sannoun Centre et de Niariyah.
On dit souvent que les communes rurales ont des difficultés de mobilisation des ressources internes. D’où avez-vous tiré les ressources qui ont servi à la réalisation de tout ce que vous venez de citer ici comme bilan de votre équipe ?
Vous savez que depuis un bon moment les difficultés sont fréquentes surtout au niveau de cette commune rurale installée depuis 2018. D’abord, nous n’avons reçu aucune subvention de la part de l’Etat. C’est donc avec l’appui des partenaires techniques, la bonne volonté de certains citoyens qui aiment leurs localités et de quelques ressortissants que nous avons pu faire ce que nous avons fait jusqu’à maintenant-là.
Quels sont les besoins prioritaires des citoyens de Sannoun, actuellement ?
A l’heure où nous sommes, c’est d’abord l’éducation qu’il faut renforcer, la santé, l’agriculture qu’il faut développer et l’élevage.
A un moment donné, Sannoun avait des problèmes de délégué sous-préfectoral de la Jeunesse (DSPJ).
Le problème est complètement résolu. Avec l’élection de la nouvelle équipe du conseil communal, sur les 23 conseillers, nous avons au moins 9 qui sont des jeunes. Ce qui nous a permis, avec l’aval de monsieur le sous-préfet, installer une équipe dynamique de la DSPJ de Sannoun. Elle fonctionne à merveille, au compte de la jeunesse de Sannoun.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrées aujourd’hui dans l’exercice de vos fonctions de maire de la commune rurale de Sannoun ?
Nos difficultés sont un peu nombreuses. D’abord, ce sont les partis politiques qui ont donné les différents éléments qui constituent aujourd’hui le conseil communal. Il n’y avait pas assez de critères solides pour installer ces conseillers communaux. Certains membres du conseil communal de Sannoun ne connaissent donc pas pourquoi ils ont été élus et ce qu’ils doivent faire pour leurs communautés. Nous travaillons à moitié. Sur les 23 conseillers élus de Sannoun, ce sont 12 qui fonctionnent actuellement à la satisfaction de la population.
Ensuite, nous avons d’autres difficultés, il a été recommandé par l’Etat d’installer les conseils de districts. Ce travail a été commencé, mais il a été suspendu à mi-chemin. On a enlevé certains présidents de districts en théorie. Mais, en pratique, la chose a été suspendue. C’est pourquoi, les anciens ne font pas bien leur travail. Les nouveaux n’ont pas reçu l’aval de faire le travail.
Revenons au sein de votre équipe. Vous avez combien de lettrés parmi vous ?
Sur les 23 membres du conseil communal de Sannoun, nous n’avons que 8 lettrés parmi nous.
Avez-vous posé le problème de formation de votre équipe à votre tutelle préfectorale ?
Nous avons reçu beaucoup de formations de la part de la préfecture, du gouvernorat et de certaines institutions.
Quel est le secteur d’activité qui ne marche pas du tout à Sannoun ?
En principe, c’est le secteur du commerce, parce qu’il y a un peu de l’incivisme avec les commerçants. Depuis que l’Etat a supprimé l’impôt, pour eux, on ne doit plus leur demander d’apporter leurs contributions au développement de la collectivité.
Cela veut dire que la commune rurale de Sannoun ne recouvre pas les impôts et taxes auprès des contribuables de la contré ?
Toutes ces activités-là sont au ralenti.
Par endroit, les relations entre sous-préfets et maires sont tendues. Quelle est la vraie situation de Sannoun ?
Depuis que l’Etat a affecté le sous-préfet titulaire de Tarambaly comme intérimaire à Sannoun nos relations sont excellentes. Tout va bien et nous travaillons la main dans la main.
Quelle est la situation sécuritaire de la commune rurale de Sannoun ?
La sécurité est stable sauf quelques cas de réticence de quelques jeunes délinquants, nous ne rencontrons pas trop de difficultés dans ce domaine, parce que les vols sont moindres à Sannoun. La délinquance n’est pas tellement élevée.
Avez-vous des agents de sécurité ?
Sur une population de près de 20 mille habitants, nous n’avons qu’un policier. Le reste est constitué de quelques éléments de la garde communal dont les membres sont recrutés par les autorités communales au sein de la population locale.
Comment faites-vous pour protéger l’environnement sur le terrain ?
Nous avons toujours pris de bonnes dispositions. Dès le mois d’octobre ou novembre, nous organisons des feux précoces dans tous les districts et dans tous les secteurs pour pouvoir protéger.
Par ailleurs, nous faisons une sensibilisation dans nos différents districts avec les jeunes de la DSPJ pour faire comprendre à la population qu’il faut préserver la forêt et la population. Là, elle accepte. Les feux de brousse sont moindres chez nous.
L’Etat a affecté sur le terrain des conservateurs de la nature qui sont souvent accusés d’être des complices des coupeurs de bois et des transporteurs clandestins des produits forestiers. Comment ça se passe à Sannoun ?
Tout à fait. On a affecté trois conservateurs plus l’ancien qui était là-bas. Depuis plus d’un an maintenant, aucun de ses agents affectés n’a fonctionné au niveau de notre commune. Seul l’ancien chef cantonnement forestier réside à Sannoun.
Quel appel avez-vous à lancer aux ressortissants par rapport aux besoins de développement de Sannoun ?
C’est un appel pressant. J’invite tous les ressortissants de Sannoun, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, partout où ils se trouvent dans le monde, à s’unir et à se lever pour qu’ils apportent leurs contributions morales, physiques et financières pour que notre collectivité se développe davantage.
Comment appréciez-vous aujourd’hui la politique nationale de la décentralisation en République de Guinée ?
Cette politique nationale de la décentralisation de la République de Guinée est très bonne, parce que les compétences transférées au niveau des communes nous permettent d’évoluer en rangs serrés. C’est pourquoi, les conseillers communaux actuellement sont importants au niveau de ces collectivités, parce qu’avec les 14 compétences transférées par l’Etat, si elles sont respectées, il va sans dire que toutes ces communes-là vont se développer en un temps records.
Pourtant, certains de vos collègues ont un regret. Celui de constater que les compétences transférées ne s’accompagnent pas de transfert de moyens.
Sannoun ayant le privilège d’être une commune de convergence, nous n’avons pas ce lourd fardeau. Nous recevons régulièrement l’appui des partenaires techniques tels que l’Unicef qui nous apporte beaucoup de formations et d’appuis pour le développement de notre commune.
Avez-vous un autre message à nous confier ?
Nous sommes réellement satisfaits. Nous demandons plus de rigueur pour que l’Etat appuie ces communes créées dans ce pays. Nous sollicitons qu’on continue de former les conseillers communaux, parce que la plupart de ces conseillers sont des analphabètes. Car, si aujourd’hui on est analphabète, on ne peut pas lire, on ne peut pas écrire, on ne peut pas rendre beaucoup. Or, quand quelqu’un est élu par une collectivité, il faut qu’il ait la capacité de jouir de se travail et de remplir cette tâche.
IBC/27/07/2021 ISD