Afrîque, 10 nov. (Infosbruts.com) – Il se lève aujourd’hui sur l’Afrique un vent qu’aucune frontière ne saurait contenir. De Dakar à Ouagadougou, de Conakry à Niamey, les peuples se dressent, conscients qu’ils n’ont plus besoin d’être autorisés à exister. Ce n’est pas une révolte : c’est un éveil. Ce que certains appellent « populisme » ou « dérive nationaliste » n’est rien d’autre qu’un cri d’émancipation, un retour du peuple dans l’Histoire.

Ousmane Sonko, Ibrahim Traoré, Mamadi Doumbouya : ces noms ne sont pas des hasards politiques, mais les signes d’un basculement de conscience. Ils incarnent cette génération qui ne veut plus réciter les leçons apprises dans les manuels de démocratie importée, mais écrire son propre chapitre de liberté.
Car il faut le dire sans détour : le destin de l’Afrique ne peut plus être gouverné par des principes conçus ailleurs. Les modèles politiques venus d’Occident ont pu servir d’inspiration, mais ils ne peuvent être des chaînes. La démocratie n’est pas une religion universelle ; c’est une expérience humaine, et chaque peuple doit pouvoir l’interpréter à la lumière de son âme et de son histoire.
On nous parle sans cesse de limitation de mandats, de procédures, de standards… Mais à quoi sert de limiter les mandats, si la souveraineté elle-même reste limitée ? A quoi sert une Constitution importée si elle ne protège pas la volonté de ceux qu’elle prétend représenter ?
Ce ne sont pas des règles abstraites qui donnent sens au pouvoir, mais la confiance vivante du peuple.
Et si un peuple choisit un homme pour dix ans ou pour un jour, nul regard étranger n’a le droit de lui dire qu’il a tort. Car la seule légitimité qui vaille, c’est celle que confère la conscience collective d’une nation debout.
L’Afrique n’est pas contre la démocratie, elle veut simplement la repenser à sa mesure. Elle ne rejette pas les principes, elle refuse leur imposition. Elle ne fuit pas la modernité, elle réclame la liberté d’en être l’auteure.
Le moment est venu pour l’Occident d’écouter sans juger, de respecter sans surveiller. Car le véritable respect, c’est d’accepter que les peuples africains puissent se tromper, réussir, tomber et se relever, libres de leurs choix, libres de leurs erreurs, libres de leur avenir.
Ce que Sonko, Traoré et Doumbouya rappellent à leur manière, c’est qu’un peuple ne s’émancipe pas en obéissant, mais en décidant. Et qu’aucune indépendance n’est complète tant que le pouvoir du peuple reste sous tutelle morale ou intellectuelle.
Le XXIe siècle africain ne sera pas celui de la soumission, mais celui de la réappropriation.
L’Afrique n’imite plus, elle invente.
Elle ne suit plus, elle marche.
Et dans cette marche nouvelle, il n’y a plus ni maître ni élève, seulement un continent qui se relève et qui dit au monde, avec la voix tranquille de la dignité retrouvée :
« Laissez-nous choisir. Laissez-nous vivre. Laissez-nous être. »















