Guinée, 12 août (Infosbruts.com) – En politique, certains parlent pour convaincre, d’autres pour occuper l’espace sonore. Souleymane Souza Konaté, communicant officiel de l’UFDG et de l’ANAD, appartient visiblement à la deuxième catégorie. Sa dernière déclaration annonçant le grand retour des “Forces Vives” et son défi lancé au CNRD, lever les restrictions pour “mesurer le poids réel”, relève moins du programme politique que de l’effet de manche.
Le scénario est bien rodé : on convoque une “majorité silencieuse”, on la pare d’un halo de légitimité populaire, et on accuse le pouvoir de l’avoir bâillonnée. Le problème ? Comme toujours avec les majorités silencieuses, on ne les entend pas… et faute de sondages crédibles ou d’élections récentes, rien ne prouve qu’elles se lèveront pour votre cause plutôt que pour arroser leurs champs ou remplir leurs marmites.
La revendication phare, lever immédiatement les restrictions sur les manifestations, sonne noble sur le papier. Mais dans un pays qui sort à peine d’une décennie ponctuée par les violences politiques de 2019-2021, c’est un peu comme exiger d’ouvrir toutes les vannes d’un barrage en pleine saison des pluies : techniquement possible, mais fortement déconseillé si on tient à éviter l’inondation.
Et puis il y a cette trouvaille rhétorique : “les restrictions prouvent la fébrilité du CNRD”. Ah, la belle ficelle politique ! On prend une mesure de contrôle, on y colle une interprétation psychologique, et on annonce triomphalement un effondrement de popularité. L’art de diagnostiquer une maladie en observant le patient… de loin, et sans stéthoscope.
Enfin, la cerise sur le discours : comparer la Transition à une dictature. C’est percutant, ça fait vibrer la salle, mais ça relève de la comparaison “fast-food” : rapide, facile à avaler, mais indigeste dès qu’on prend le temps de la mâcher. Une dictature est par essence fermée, consolidée et perpétuelle. Une transition, même imparfaite, a un calendrier, des engagements de réformes et une date théorique de sortie. Mettre les deux dans le même sac, c’est confondre un match amical et une guerre totale.
M. Konaté manie le vocabulaire martial avec un talent indéniable. Mais à force de jouer les chefs de guerre dans un théâtre politique déjà fragile, il contribue davantage à l’escalade verbale qu’à la construction d’un compromis national. Or, dans une transition, le véritable courage n’est pas de faire trembler les micros… c’est de savoir quand les poser.
Chérif Sampiring Diallo, Éditorialiste InfosBruts.com
« Une plume au service de la Guinée »