Conakry, 12 août (Infosbruts.com) – Dans une récente chronique largement relayée, Souleymane Souza Konaté, Coordonnateur de la Cellule de Communication de l’UFDG et président de la Commission Communication de l’ANAD, signe un texte au ton martial, appelant à un sursaut des Forces Vives face à ce qu’il qualifie de « dictature ». Si la sortie est percutante sur la forme, elle suscite aussi des interrogations sur le fond.
Le cadre de l’UFDG présente le contexte politique actuel comme une opposition nette entre une junte « illégitime » et une majorité silencieuse, brimée, mais toujours prête à se soulever. Dans une rhétorique de combat, il affirme que « la guerre n’est pas perdue » et que les Forces Vives, malgré les reculs, restent debout.
Une dialectique usée ?
L’un des premiers constats qui s’imposent à la lecture de cette chronique est l’usage intensif de formules toutes faites et de références à des figures de style militaro-politiques. M. Konaté parle de « guerre », de « baïonnettes », de « chape de plomb », de « dictature ». Autant d’éléments qui peuvent galvaniser une base militante, mais qui risquent de ne pas convaincre une opinion publique de plus en plus soucieuse de solutions concrètes plutôt que de discours de confrontation.
Ce langage guerrier ne propose aucune issue politique claire, ni stratégie de sortie de crise constructive. Aucune mention n’est faite d’un plan alternatif, d’une vision programmatique, ni d’un appel à un dialogue inclusif.
Où sont les actes ?
Si la critique du verrouillage de l’espace politique par le CNRD est recevable dans une certaine mesure, il reste à savoir ce que proposent les Forces Vives au-delà de l’indignation.
Le défi lancé par l’UFDG, qui consiste à demander au pouvoir de les autoriser à manifester afin de tester leur popularité réelle, semble davantage relever d’un jeu de posture que d’un véritable projet politique. Peut-on réduire l’évaluation de la légitimité politique à la capacité de mobilisation dans la rue.
Une opposition en panne de renouvellement ?
Ce texte met aussi en lumière une difficulté persistante de l’opposition guinéenne : celle de se réinventer. On retrouve dans cette chronique les mêmes griefs, les mêmes formulations, les mêmes clivages que ceux qui dominaient la vie politique depuis plus d’une décennie. Mais le contexte a changé. Le pays est confronté à une perte de confiance généralisée envers la classe politique, et une jeunesse désabusée.
Or, rien dans la tribune de M. Konaté ne semble s’adresser à cette jeunesse autrement que comme une force de contestation. Où sont les réponses aux enjeux de gouvernance, de justice sociale, d’emploi ou de réforme institutionnelle ?
Un message plus pour l’interne que pour le pays ?
Enfin, cette sortie pourrait être lue comme un message destiné à la base politique de l’UFDG et de l’ANAD, pour maintenir la flamme militante. Le texte semble viser davantage le renforcement d’un leadership d’opposition que la proposition d’un projet de rassemblement national.
La chronique de Souleymane Souza Konaté reflète bien le malaise de l’opposition en Guinée, et pose des questions pertinentes sur les restrictions imposées. Mais elle pèche par excès de dramatisation et manque cruellement de propositions.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com