Conakry, 10 août (Infosbruts.com) – En exil, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a pris la parole, samedi, pour dénoncer ce qu’il qualifie de « confiscation du pouvoir » par les autorités de la transition. Dans un discours marqué par un ton combatif, l’opposant historique appelle à la mobilisation populaire, prévient contre toute complicité avec « un régime illégitime » et promet une lutte sans relâche pour le respect des libertés fondamentales. Mais derrière la rhétorique, plusieurs interrogations demeurent sur la stratégie réelle de l’UFDG et la portée politique de ces déclarations.
« Nous ne serons pas complices d’une confiscation du pouvoir », a martelé Cellou Dalein Diallo, appelant ses partisans à se tenir prêts à suivre les mots d’ordre à venir.
Une radicalisation du discours, mais pour quelle action concrète ?
Alors que le pays vit une transition politique prolongée et que l’organisation d’élections reste incertaine, l’UFDG peine à proposer une alternative claire. Le discours de son leader semble osciller entre appel à la désobéissance civique et volonté de participer à des élections – mais uniquement si elles sont jugées « transparentes ». Or, en l’absence d’un cadre de dialogue crédible ou d’une feuille de route partagée par les différents acteurs, ces conditions apparaissent de plus en plus inaccessibles.
« Si quelqu’un gagne honnêtement, dans le respect des règles, évidemment on le félicitera », a-t-il assuré, tout en insistant sur la possibilité d’une victoire de son parti à condition d’un processus électoral équitable.
Une mobilisation difficile à l’intérieur du pays
Malgré les appels à la mobilisation, la résonance du discours de l’opposition à l’intérieur de la Guinée reste limitée. Les restrictions sur les libertés de réunion et de manifestation, combinées à l’absence d’un véritable front politique unifié, affaiblissent la capacité de l’UFDG et des Forces Vives à créer un rapport de force face au CNRD. Le fait que Cellou Dalein Diallo s’exprime depuis l’étranger complique également sa capacité à canaliser efficacement la contestation sur le terrain.
Une posture de principe, mais un manque de renouvellement stratégique
Si l’engagement en faveur de l’État de droit et de la démocratie reste un socle revendiqué par l’UFDG, la répétition des discours sans perspectives concrètes risque d’éroder la confiance populaire. À ce stade, aucune proposition politique structurée ou mécanisme de sortie de crise n’a été clairement formulé par le parti de l’ancien Premier ministre.
En misant exclusivement sur la dénonciation et la rhétorique de résistance, l’UFDG risque de s’auto-marginaliser, surtout si le pouvoir parvient à organiser un processus électoral même partiellement inclusif sans la participation de l’opposition traditionnelle.
Une opportunité à saisir ?
Pour les analystes, la fenêtre de dialogue avec les autorités de la transition, bien que ténue, reste ouverte. Mais encore faut-il que les acteurs politiques, y compris l’UFDG, soient prêts à mettre en avant des propositions réalistes et inclusives, plutôt que de se retrancher dans des postures de principe.
En définitive, si Cellou Dalein Diallo entend incarner une alternative crédible au régime actuel, il lui faudra sortir du discours de dénonciation pour entrer dans celui de la construction, de l’union politique et de la clarté stratégique.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com