Guinée, 7 août (Infosbruts.com) – Il est des silences qui sont des refuges, et d’autres, des fuites. Il est des paroles qui élèvent, et d’autres, qui révèlent une gêne à affronter ce qu’elles prétendent condamner. En lisant la tribune d’Alpha Issagha Diallo, parue sous le titre « La particule et le tout », je n’ai pas été étonné. Non. Ce genre de prose sent moins la conviction que le besoin de servir une cause qui ne dit pas son nom. La plume est belle, le propos est tranché, mais la démarche est bancale.
Alpha Issagha Diallo me reproche d’avoir émis une réserve sur un hommage public rendu par Abdoul Lah Sacko à un cadre d’un parti politique. Soit. Mais faut-il désormais faire allégeance à l’impunité narrative au nom d’un passé supposé ou d’un CV chargé de bonnes intentions ? Faut-il que toute prise de parole, dans ce pays, soit désormais soumise au filtre de la révérence ou du silence contraint ?
Je ne répondrai pas à l’invective par l’invective. Non parce que je ne le peux, mais parce que je ne le veux pas. Je préfère rappeler quelques évidences, que l’auteur de la tribune, dans son élan lyrique, semble avoir volontairement oubliées.
1. La société civile n’est pas une religion.
Elle ne fait pas de saints, ni de martyrs, ni d’infaillibles. On peut saluer le combat d’un acteur tout en interrogeant ses glissements. Abdoul Sacko, que je respecte, n’est pas au-dessus de toute critique. Il agit dans l’espace public, il s’expose à la lecture critique, au même titre que moi ou que n’importe qui. Lui rendre hommage, c’est une chose. Romantiser chacune de ses positions sans nuance, c’en est une autre.
2. La pluralité d’engagement n’est pas l’incohérence.
Oui, j’ai eu plusieurs casquettes. Oui, j’assume. Ce parcours reflète moins une instabilité qu’une tentative constante de servir, là où c’était possible, avec les moyens du moment. Je ne suis ni l’otage d’un parti, ni le produit d’un clan. Je doute, j’avance, je me trompe parfois. Mais j’avance, droit. Et toujours en mon nom.
3. L’engagement se mesure à la fidélité à ses principes, pas à la beauté de ses alliances.
Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais monnayé mon opinion, ni plié l’échine devant les puissants, quels qu’ils soient. On peut critiquer ma manière, mes mots, mes choix. Mais pas mon intégrité. J’écris ce que je pense. Et je pense qu’aujourd’hui, le pays a davantage besoin de sincérité que de postures héroïques figées.
4. Ce n’est pas en glorifiant un homme qu’on éteint la voix d’un autre.
Cette tribune n’est pas un hommage. C’est une tentative d’effacement. Une manière élégante de dire : « Tais-toi, tu n’en vaux pas la peine. » Mais que vaut une parole qui cherche à en faire taire une autre ? Rien d’autre qu’une peur maquillée en certitude.
Je ne suis ni la particule, ni le tout. Je suis une voix parmi d’autres. Une voix libre. Et c’est déjà beaucoup dans une époque où l’unanimisme moral se déguise en vérité absolue.
Par Idrissa Sampiring Diallo
Chroniqueur, observateur engagé,
Citoyen libre