Guinée, 6 août (Infosbruts.com) – Alors que la Guinée entame l’un des virages politiques les plus déterminants de son histoire récente, avec la mise en débat national du projet de nouvelle Constitution, certains acteurs dits de la « société civile » semblent confondre exigence démocratique et posture d’opposant par procuration. Dans un article publié par Planete7.info, Mamadou Kaly Diallo, activiste bien connu, critique le processus de vulgarisation actuellement en cours, accusant les autorités de manquer de pédagogie et d’occulter le débat démocratique. Une lecture réductrice, pour ne pas dire caricaturale, d’un exercice citoyen d’une ampleur inédite dans notre pays.
Oui, le texte est dense, comme toute Constitution digne de ce nom
Le projet de Constitution compte 199 articles. Faut-il s’en étonner ? Faut-il, à la manière populiste, réduire l’ambition constitutionnelle d’un pays à un dépliant de slogans ? Non. Une Loi fondamentale se doit d’être complète, cohérente, protectrice, et tournée vers l’avenir. Elle est l’architecture du pacte républicain.
Ceux qui reprochent au texte sa densité feignent d’ignorer que ce même document a été mis en ligne, imprimé, diffusé en plusieurs langues nationales, et que des milliers de séances de vulgarisation sont actuellement menées sur le terrain, y compris dans les coins les plus reculés du pays. Qui choisit de ne pas écouter n’a pas le droit de prétendre qu’on ne lui parle pas.
Des jeunes du Fouta aux sages de la Haute-Guinée : la mobilisation est réelle
Partout dans le pays, des citoyens de tous âges et de toutes origines se sont engagés activement dans la vulgarisation du texte. À Labé, à Kankan, à Matoto, à Lola ou à Siguiri, on voit des jeunes s’organiser, lire les articles à voix haute dans les marchés, dans les places publiques, dans les lieux de culte.
Le plus ironique ? Même dans les bastions de partis politiques traditionnellement critiques du pouvoir, la jeunesse locale s’implique activement, bravant parfois les consignes de boycott de leurs leaders. Voilà un signe fort d’appropriation. Voilà la preuve que la pédagogie n’est pas absente, elle est en marche, malgré les scepticismes méthodiques.
Le faux débat du « climat démocratique »
Mamadou Kaly Diallo nous sort alors la citation bien connue de Kofi Annan, lissant son propos dans un emballage humaniste. Mais encore faut-il en tirer les conséquences honnêtes. Quelle est cette démocratie qu’il exige, sinon celle que la transition actuelle tente d’installer dans la durée, loin des cycles frauduleux et du clientélisme politique ?
Depuis septembre 2021, aucun média n’a été fermé pour ses opinions. Aucun opposant n’est interdit d’exister. Ceux qui se retrouvent devant les tribunaux ne le sont pas pour leurs idées, mais pour leur gestion passée de la chose publique.
La sécurité des citoyens est renforcée. L’autorité de l’État est restaurée. Le climat est stable, et c’est justement cela qui permet aujourd’hui de débattre, d’imprimer des Constitutions, de les distribuer librement, d’en discuter dans les radios communautaires. Cette réalité ne mérite-t-elle pas un peu de reconnaissance, au lieu d’un perpétuel procès d’intention ?
Placer les droits humains au cœur du processus : déjà fait
Lorsque Mamadou Kaly Diallo appelle les autorités à placer les droits humains « au cœur du processus », il fait semblant d’ignorer que cela est déjà une colonne vertébrale du projet constitutionnel. Lisez les articles sur les libertés fondamentales, la parité, la justice, les droits des minorités, la liberté de conscience, la protection de l’enfant et de la femme. Que faut-il de plus ?
La vérité est simple : certains activistes préfèrent critiquer le contenant pour ne pas avoir à parler du contenu. Parce que ce contenu dérange : il rompt avec les pratiques anciennes, établit des garde-fous contre les abus, et ouvre un nouveau chapitre, que certains ne veulent pas voir s’écrire sans eux.
En somme, la pédagogie ne manque pas ; c’est l’écoute qui fait défaut chez certains. Cette transition mérite mieux que des procès d’intention de salon. Elle mérite que chaque citoyen s’engage, avec loyauté, dans un débat franc et républicain.
La Guinée est en train de s’écrire. Encore faut-il avoir le courage d’y tenir la plume, au lieu de constamment gratter du papier pour semer le doute.
Chérif Sampiring Diallo
Journaliste éditorialiste InfosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. «