Guinée, 28 mars (IBC) – Le président de la République vient d’accorder une grâce présidentielle à l’ancien chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, suscitant une vague de réactions au sein de l’opinion publique nationale et internationale. Cette mesure, perçue comme une surprise par de nombreux observateurs, relance le débat sur la justice et la réconciliation en Guinée.
Un geste présidentiel aux multiples interprétations
Moussa Dadis Camara, qui dirigea la Guinée de 2008 à 2009 après un coup d’État militaire, était incarcéré depuis 2022 dans le cadre du procès des massacres du 28 septembre 2009. Ce drame, survenu dans un stade de Conakry, avait fait plus de 150 morts et des centaines de blessés, suscitant une condamnation internationale. Son arrestation et son procès avaient été considérés comme une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité.
La décision du chef de l’État de lui accorder une grâce présidentielle est donc perçue différemment selon les sensibilités. Pour ses partisans, il s’agit d’un acte en faveur de la réconciliation nationale, visant à apaiser les tensions politiques et sociales en Guinée. À l’inverse, pour de nombreuses organisations de défense des droits humains et les familles des victimes, cette mesure représente un déni de justice et une remise en cause des efforts entrepris pour responsabiliser les auteurs de violations graves des droits humains.
Réactions et contestations
L’opposition politique ainsi que plusieurs organisations nationales et internationales critiquent vivement cette grâce présidentielle, estimant qu’elle porte atteinte au processus judiciaire en cours. Cette décision affaiblit la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires et risque de renforcer le sentiment d’impunité, dit-on, dans ce milieu.
Les avocats de Dadis Camara, de leur côté, ont salué une décision qu’ils jugent conforme aux principes de pacification et d’apaisement politique en Guinée. Toutefois, certains analystes politiques estiment que cette libération pourrait accentuer les divisions au sein de la classe politique et raviver les tensions sociales, au lieu de favoriser un véritable dialogue national.
Un impact sur l’avenir politique de la Guinée
Cette grâce présidentielle soulève des interrogations quant à l’engagement du gouvernement en faveur de la justice et de l’État de droit. Elle pourrait également avoir un impact sur le climat politique à l’approche des prochaines échéances électorales. La manière dont cette mesure sera perçue par la population déterminera en grande partie son effet sur la stabilité du pays.
Seul l’avenir dira si cette décision du président sera un catalyseur de paix et de réconciliation ou, au contraire, une source de nouvelles contestations et d’instabilité pour la Guinée.
Idrissa Sampiring Diallo
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