Guinée, 4 Oct (Infosbruts.com) – Il est des temps où la ferveur religieuse se confond avec la passion politique, et où la foi devient otage des ambitions humaines. En Guinée, comme ailleurs dans le monde, certains croyants s’autorisent parfois à parler au nom de Dieu, allant jusqu’à vouloir imposer à Dieu le choix d’un président. Cette prétention, aussi absurde que périlleuse, trahit moins la foi que l’orgueil, moins la spiritualité que l’aveuglement.
Car enfin, qu’est-ce que croire en Dieu, sinon reconnaître la souveraineté absolue du Divin sur toute chose, y compris sur le destin des nations et des hommes ?
Celui qui croit véritablement sait que Dieu ne se laisse pas dicter ses volontés par la colère des foules ni par les slogans des partisans. Croire, c’est s’en remettre à la sagesse du Très-Haut, et non s’en servir comme justification de ses propres préférences.
Quand un croyant, musulman ou chrétien, en vient à dire avec violence : « C’est lui, et pas un autre, qui doit diriger ! », il n’affirme pas sa foi, il nie la liberté de Dieu. Il oublie que le Créateur n’est ni militant, ni électeur, ni membre d’un parti. Il oublie que même les prophètes n’ont jamais imposé leurs rois : ils ont prié, conseillé, parfois averti, mais jamais remplacé la volonté divine par leur impatience humaine.
La foi n’est pas un drapeau politique
La foi, dans son essence, élève ; la politique, souvent, divise. Mêler les deux avec excès, c’est transformer la religion en champ de bataille, c’est réduire le sacré à l’éphémère. L’islam, qui prêche la justice, la sagesse et la modération, n’a jamais enseigné la haine pour imposer un choix.
Le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) disait : « La douceur n’entre dans aucune chose sans l’embellir. » Or, que reste-t-il de la douceur du cœur quand on veut faire plier Dieu à la force de ses cris ? Ce n’est pas Dieu qu’on sert alors, mais son ego. Ce n’est pas la foi qu’on défend, mais sa passion.
La vraie foi, c’est la paix intérieure
Le croyant sincère sait que Dieu éprouve les peuples par leurs dirigeants, et que nul n’accède au pouvoir sans que le Très-Haut ne le permette, fût-ce pour enseigner une leçon au monde ou rappeler la fragilité des hommes. Ainsi, celui qui a confiance en Dieu accepte le verdict du destin sans violence, sans fanatisme, sans injure.
Il prie pour que le dirigeant, quel qu’il soit, soit guidé dans la droiture, plutôt que de maudire celui qu’il n’aime pas. La foi véritable ne se crie pas dans la rue, elle se vit dans la patience. Elle n’impose pas son choix à Dieu, elle s’incline devant Sa volonté. Et si chaque croyant comprenait cela, nos pays cesseraient de se déchirer pour des trônes éphémères.
Une prière pour la Guinée
Puissions-nous, en tant que croyants et citoyens, désarmer nos passions pour retrouver la dignité de la foi.
Que nos prières ne soient plus des armes pour vaincre nos adversaires, mais des lumières pour éclairer notre nation.
Car Dieu ne choisit pas selon les cris des hommes, mais selon la vérité de leurs cœurs. Et c’est seulement quand le cœur du peuple sera purifié de la haine que le pays trouvera le dirigeant qu’il mérite.