Guinée, 20 août (Infosbruts.com) – Transformer les protestataires d’hier en bâtisseurs de demain : tel est le défi que porte désormais le ministre de la Jeunesse.
En Guinée, le chiffre est implacable : sept habitants sur dix ont moins de trente ans. Une force vive, dit-on. Une bombe à retardement, rétorquent les politologues. Dans un pays où l’école débouche rarement sur un emploi et où l’horizon politique ressemble trop souvent à une succession de rendez-vous manqués, cette jeunesse devient autant moteur qu’obstacle, espoir et menace.
Depuis deux décennies, c’est elle qui bat le pavé, fait trembler les gouvernements et impose l’agenda des transitions. La jeunesse guinéenne, c’est la rue, la colère, mais aussi la promesse d’un autre futur. Et, pour une fois, le pouvoir a semblé l’avoir compris.
Le pari Cellou Baldé
En confiant le ministère de la Jeunesse à Cellou Baldé, Conakry a rompu avec une tradition : celle de nommer à ce poste des seconds couteaux vite oubliés. Baldé, lui, connaît le terrain, les colères, les attentes. Ancien député, figure de l’opposition, il parle la langue de cette génération qui n’en peut plus des discours convenus.
Ce choix n’est pas un symbole. C’est une stratégie : donner enfin un visage crédible et politique à une jeunesse que l’on a trop souvent réduite à un problème d’ordre public.
L’Afrique, miroir de la Guinée
Ailleurs, les expériences parlent d’elles-mêmes. Au Ghana, le National Youth Authority a canalisé les énergies vers la formation et l’entrepreneuriat. Au Rwanda, les jeunes siègent jusque dans les arcanes du Parlement, transformés en acteurs de reconstruction. Au Sénégal, à l’inverse, leur marginalisation a fini par embraser la rue, menaçant la République jusque dans ses fondations.
La Guinée, elle, n’a plus le luxe de l’hésitation : elle doit transformer sa jeunesse en partenaire.
Une mission nécessaire
Depuis son arrivée au ministère, Cellou Baldé est attendu au tournant. Il doit faire de son département autre chose qu’une vitrine protocolaire. Emploi, agro-industrie, numérique : voilà les chantiers capables d’absorber l’énergie démographique débordante. Conseils locaux, médiation communautaire, inclusion politique : voilà les mécanismes pour transformer les protestataires d’hier en bâtisseurs de demain.
Ceux qui, par calcul politicien ou frilosité, refusent de participer à cette refondation devront l’assumer : l’histoire n’attend pas les retardataires.
Une équation nationale
La vérité est simple : aucun État ne peut espérer la stabilité s’il laisse sa jeunesse sur le bord de la route. La Guinée joue gros. Le « pari Baldé » n’est pas une nomination de plus. C’est une équation politique, existentielle. Avec, à la clé, non pas un simple portefeuille ministériel renforcé, mais la possibilité de bâtir la stabilité nationale sur le socle de sa jeunesse.
Chérif Sampiring Diallo Éditorialiste InfosBruts.com
« Une plume au service de la Guinée «















