Conakry, 7 août (Infosbruts.com) – Ce qui aurait pu rester une belle page de solidarité humaine s’est mué en une scène de reniement politique aux relents d’ingratitude. Alpha Issagha Diallo, autrefois militant zélé de l’UFDG et fidèle parmi les fidèles de Cellou Dalein Diallo, semble avoir oublié, un peu trop vite, ceux qui l’ont sorti de la détresse.
À peine rétabli, il tourne aujourd’hui le dos à ses anciens bienfaiteurs, non pas pour un désaccord de fond, mais parce qu’ils ne sont plus dans le bon « camp ».
Un passé de détresse, une aide sans condition
Il fut un temps où Alpha Issagha Diallo, souffrant d’une atteinte sévère à la colonne vertébrale et sombrant dans une précarité inquiétante à Conakry, trouva en Cellou Baldé et Ousmane Gaoual Diallo des soutiens décisifs. À une époque où l’homme était presque oublié de tous, ces deux cadres politiques se mobilisèrent, non en tant que représentants d’un parti, mais en tant qu’êtres humains.
Le député d’alors de Labé, aujourd’hui ministre de la Jeunesse, Cellou Baldé, prit l’initiative de récupérer son passeport et d’enclencher la procédure de visa. Ousmane Gaoual, de son côté, mit à profit son influence au sein de l’administration pour accélérer les démarches, allant jusqu’à l’accueillir personnellement en France, le loger et l’accompagner dans ses premiers soins, en le recommandant à un médecin installé en province.
Il n’y eut ni caméra, ni communiqué. Juste un acte de solidarité, discret mais fondamental. L’aide était humaine, entière, et surtout, dénuée de calcul.
Le retournement : quand la politique efface la morale
Aujourd’hui, Alpha Issagha Diallo semble frappé d’amnésie sélective. Pour la seule et unique raison que ses anciens bienfaiteurs ont rejoint le gouvernement de transition du Général Mamadi Doumbouya, il les considère désormais comme des traîtres. Peu importe qu’ils lui aient tendu la main quand il était au sol. Peu importe qu’ils aient agi en dehors de toute logique partisane. L’essentiel, pour lui, semble être leur position actuelle, non leur geste passé.
Ce virage révèle une confusion inquiétante entre fidélité politique et reconnaissance humaine. Peut-on réellement prétendre défendre des valeurs tout en effaçant d’un revers de main ceux qui vous ont sauvé, au nom d’une orthodoxie partisane ?

La tentation sectaire du militantisme aveugle
Ce cas n’est pas isolé. Il illustre un mal bien plus profond : la dérive morale d’un certain militantisme guinéen, où la mémoire se plie aux injonctions du clan, et où la loyauté envers un leader devient une licence pour la négation des faits. L’hommage n’est plus rendu au geste, mais à la posture. L’humanité passe après l’étiquette.
Alpha Issagha Diallo ne trahit pas seulement deux hommes. Il trahit un principe fondamental : celui selon lequel la gratitude transcende les appartenances, et qu’un bienfait reste un bienfait, quelle que soit l’évolution politique de celui qui l’a accompli.
Pour une maturité politique ancrée dans l’éthique
Dans une Guinée qui aspire à sortir des logiques binaires et des fidélités infantiles, ce genre de comportement mérite d’être dénoncé. Pas pour accabler un homme déjà victime de ses contradictions, mais pour rappeler une évidence : la loyauté envers un parti n’excuse ni l’ingratitude ni l’amnésie morale.
Ce n’est pas la politique qui devrait décider de notre mémoire, mais la vérité des actes. Refuser de reconnaître un geste de solidarité sous prétexte qu’il vient d’un adversaire du moment, c’est s’enfermer dans une logique qui ne construit rien, si ce n’est le mépris de l’essentiel.
Car au fond, la vraie trahison n’est pas de changer de camp. C’est de renier ceux qui vous ont aidé quand vous étiez tombé.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com