Guinée, 29 juillet (Infosbruts.com) – Ils choisissent. Il choisissait. Mais seuls leurs choix sont condamnés. Pourquoi ? À mesure que le débat politique s’enlise dans les procès d’intention et les leçons de morale à géométrie variable, une question brûle les lèvres : au nom de quoi certains auraient-ils le monopole du choix, de la vertu, ou même de la mémoire ?

Chérif Sampiring Diallo, éditorialiste Infosbruts.com
Il était une fois un homme. Un homme à la parole affûtée, à la mémoire sélective, mais à l’ambition fluide et tenace comme un fleuve sans rive. Il s’appelait Cellou. Pas Cellou-le-juste, ni Cellou-le-loyal. Juste Cellou, l’homme qui décide. Seul. Pour lui-même.
Un jour, il a soutenu un militaire. Mais pas n’importe lequel : un général de salon, bien parfumé aux intérêts croisés. Ce dernier a pris le pouvoir par les armes, manipulé la Constitution comme un vieux tissu qu’on retaille à sa guise, organisé des élections sur mesure, et les a fait certifier par la Commission des Illusions Nationales. Et Cellou ? Il a applaudi. Parce que lui avait le droit de choisir. C’était Cellou.
Il a même contribué, sans trembler, à clouer le cercueil de la démocratie sous les applaudissements feutrés d’un régime à bout de souffle. C’était Conté, l’époque bénie de l’immunité morale.
Aujourd’hui, d’autres choisissent à leur tour. Ils soutiennent qui ils veulent, comme il le fit jadis. Mais malheur à eux ! Les fidèles de Cellou crient à la trahison, invectivent sur les réseaux, hurlent à la honte dans les médias : « Vendu ! Profiteur ! Complice ! »
Mais au nom de quoi ?
Au nom de quoi Cellou pouvait-il s’acoquiner avec un général, et les autres seraient-ils maudits pour avoir franchi un portail du palais ?
Au nom de quoi ses alliances passées seraient des stratégies nobles, et celles des autres des soumissions honteuses ?
Au nom de quel évangile politique Cellou serait prophète, et les autres des Judas ?
N’est-ce pas lui qui déclarait : « Pourquoi soutenir celui qui veut le pouvoir, au lieu de celui qui l’a déjà ? »
Alors pourquoi servait-il Conté, ce président épuisé, avec la fidélité d’un courtisan et la gourmandise d’un invité d’honneur au banquet du pouvoir ? Pourquoi acceptait-il primes, privilèges, limousines, et douceurs d’État ? C’était, dit-on, « pour la République ». Mais laquelle ? Celle des deals feutrés ou celle du peuple trahi ?
Aujourd’hui, ceux qui croisent le chemin du pouvoir sont jetés au feu des réseaux. Les apôtres de Cellou parlent de « dignité vendue ». Mais la dignité n’est pas une carte d’électeur. Ni une exclusivité générationnelle.
Alors, posons la vraie question, sans détour : Au nom de quoi ?
Au nom de quoi Cellou aurait-il le droit de pactiser avec le pouvoir, mais pas les autres ?
Au nom de quoi la liberté de choisir serait-elle réservée à un seul camp, un seul homme, un seul récit ?
Non. La liberté n’est pas un monopole.
Le choix n’est pas un privilège hérité d’un décret présidentiel.
Et la dignité n’est pas un mot qu’on brandit contre les autres quand on a soi-même fait carrière dans la compromission. Si l’on veut juger, qu’on juge tout le monde.
Si l’on doit parler de trahison, alors parlons-en. Entièrement. Parce que la vérité n’est pas un slogan de meeting. C’est un miroir. Et certains feraient bien d’y jeter un œil, s’ils en ont encore le courage.
« Ici, la parole n’a pas de maître. » Infosbruts.com
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