Guinée, 16 Oct (Infosbruts.com) – En politique, la mémoire est une arme à double tranchant. Elle distingue les témoins des acteurs, les passants de l’histoire de ceux qui la façonnent. Ces derniers jours, une phrase de Cellou Dalein Diallo a ravivé ce vieux débat : « C’est grâce à moi que le Général Conté avait libéré Alpha Condé. » Une affirmation qui, au-delà de la vanité apparente, dit beaucoup sur la culture du mérite et de la reconnaissance dans notre vie publique.
Cellou Dalein parle comme un homme de son temps, celui où la proximité avec le pouvoir était le seul levier d’action. Il se souvient, peut-être avec fierté, d’avoir joué un rôle d’intermédiaire dans un épisode marquant de la vie politique guinéenne. Rien de choquant en soi. Mais cette mémoire, en se transformant en capital politique, ouvre une autre question : jusqu’où faut-il remonter pour revendiquer la paternité d’un acte d’État ?
L’histoire ne s’écrit pas seulement avec ceux qui ont été, mais aussi avec ceux qui seront. C’est pourquoi il faut, aujourd’hui, laisser la chance à une nouvelle génération de figures politiques, comme Cellou Baldé, par exemple de bâtir leur propre légitimité. Peut-être qu’un jour, lui aussi pourra dire, avec la même sérénité : « C’est grâce à moi que le Général Doumbouya a fait ceci ou cela. » Non pas par flatterie ni par nostalgie, mais parce que l’action politique, la vraie, est faite d’initiatives, de persuasion et d’engagement.
Entre la mémoire de ceux qui ont ouvert les portes et l’audace de ceux qui frapperont aux prochaines, la Guinée a besoin d’un équilibre. Celui d’un pays qui honore ses anciens sans étouffer ses nouveaux talents. Car si chaque génération doit raconter sa part d’histoire, encore faut-il lui en laisser l’occasion.













