Guinée, 16 Oct (Infosbruts.com) – En Guinée, il semble que penser autrement aujourd’hui que l’on pensait hier soit un crime. Dans l’espace public, médiatique ou politique, changer d’avis est perçu comme une trahison. Celui qui ose nuancer, revoir ses positions, ou simplement admettre qu’il s’est trompé devient aussitôt la cible d’un lynchage moral. Les réseaux sociaux s’enflamment, les juges de la cohérence s’érigent en procureurs, et le débat d’idées cède la place à un tribunal des humeurs.
Pourtant, il n’existe pas de liberté intellectuelle sans droit au revirement, sans droit au doute, sans droit à l’évolution.
Le vieil adage le rappelle avec bon sens : « Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. » Il dit tout de la condition humaine : l’intelligence, c’est précisément la capacité de se remettre en question, de reconnaître ses erreurs, d’évoluer à la lumière de nouvelles réalités. Celui qui pense aujourd’hui exactement comme il pensait hier n’a pas progressé ; il s’est figé. Il a transformé ses convictions en dogmes et sa pensée en prison.
Mais en Guinée, l’espace public fonctionne souvent à l’inverse. On exige la constance non pas comme signe de conviction, mais comme preuve d’allégeance. On veut des esprits dociles, fidèles à leurs anciens discours, même quand la réalité change. On préfère le confort du conformisme à la noblesse du questionnement. Et dans ce climat, réfléchir autrement devient suspect.
Or, une pensée figée est une pensée morte. Les nations qui avancent sont celles qui acceptent la complexité, le débat, l’erreur, la contradiction. La vérité n’est pas un monument : c’est une quête, un mouvement, une exploration sans fin. Revoir son jugement, c’est exercer pleinement sa liberté. C’est dire : je suis un être pensant, donc perfectible.
Ceux qui, en Guinée, osent changer d’avis ne devraient pas être condamnés ; ils devraient être écoutés. Car derrière un changement de position se cache souvent un effort de lucidité, un courage intellectuel, une honnêteté rare. Le plus grand danger pour une société n’est pas la diversité d’opinions, mais l’uniformité imposée.
L’avenir de notre pays dépendra de notre capacité à accepter que penser, c’est se transformer. Qu’aucune idée n’est sacrée, qu’aucune certitude n’est éternelle. Et que la grandeur d’un esprit ne se mesure pas à la rigidité de ses convictions, mais à la liberté de son évolution.
Changer d’avis, ce n’est pas trahir. C’est respirer. C’est vivre. C’est penser.













