Labé, 7 juillet (Infosbruts.com) – Cela fait désormais plus de six mois que les structures de santé et les organisations communautaires de Labé sont à court de préservatifs gratuits. Une situation alarmante, passée presque sous silence, mais dont les conséquences sanitaires, sociales et économiques commencent à se faire ressentir au sein de la jeunesse locale.

Alpha Oumar Baldé, Administrateur Général de Nyla TV et son invité Saïkou Amadou Baldé, CECOJE Labé
Sur le plateau de Nyla TV, Saïkou Ahmadou Baldé, chargé de formation au Centre d’Écoute, de Conseil et d’Orientation des Jeunes (CECOJE) de Labé, a lancé un cri d’alarme :
« Aujourd’hui, il n’y a pas de préservatifs disponibles à Labé. Et cette absence devient un véritable problème de santé publique, notamment pour les jeunes. »
À Labé, les chiffres liés à la consommation de préservatifs sont impressionnants. Selon les estimations, une seule structure peut distribuer jusqu’à 25 cartons par an, soit environ 180 000 unités. Lorsqu’on y ajoute les centres de santé, postes médicaux, ONG et associations, la demande globale annuelle atteint plusieurs centaines de milliers de préservatifs. Mais aujourd’hui, tous les circuits de distribution sont à sec.

« Même dans les structures censées en offrir, il n’y a plus rien. Alors, les jeunes sont obligés de se tourner vers les pharmacies. Et là, c’est trop cher pour beaucoup d’entre eux. Certains nous disent : ‘ils ont fini notre argent dans les pharmacies’ », rapporte Saïkou Ahmadou Baldé.
Au-delà du coût, l’enjeu sanitaire est majeur. L’absence de préservatifs expose les jeunes à des infections sexuellement transmissibles (IST), dont le VIH et l’hépatite, mais aussi à des grossesses non désirées, compromettant souvent l’avenir scolaire ou professionnel des jeunes filles.
« Les jeunes n’ont pas d’activités génératrices de revenus. Acheter un préservatif devient un luxe pour certains. Et s’ils renoncent à s’en procurer, les risques sont énormes », prévient le formateur du CECOJE.

Certains bénéficiaires habituels n’hésitent plus à réclamer leur quota en toute discrétion : « On reçoit des appels anonymes. Des gens envoient des taximètres chercher des préservatifs. Ils veulent rester invisibles, mais ils veulent être protégés. »
Interrogé sur les conseils à donner à la jeunesse, Saïkou Ahmadou Baldé insiste sur les trois piliers classiques de prévention : L’abstinence, recommandée dans une ville à forte tradition religieuse comme Labé ; La fidélité réciproque dans un couple sain et testé ; Et, si cela n’est pas possible, l’usage correct et régulier du préservatif.
« Nous sommes dans une ville religieuse. En théorie, on ne devrait même pas avoir ce débat. Mais la réalité est autre. Le préservatif est utilisé, même si personne ne veut l’admettre. Le nier, c’est fermer les yeux sur une vérité sociale. »
La situation appelle à une réaction urgente des autorités sanitaires, des ONG partenaires et des bailleurs impliqués dans la planification familiale et la lutte contre les IST/VIH.

« Il est impératif de réapprovisionner les structures de santé, les CECOJE, les centres de jeunesse et les associations locales. C’est une question de santé publique, de dignité et de protection pour toute une génération. »
En attendant une solution, la jeunesse de Labé navigue entre abstinence contrainte, risques accrus et résignation, dans un silence pesant qui en dit long sur le tabou entourant cette crise.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com













