Lélouma, 19 nov. (Infosbruts.com) – L’activiste de la société civile Modi Amadou Sadio Korbé Diallo a livré une analyse percutante concernant l’utilisation des fonds destinés aux campagnes électorales et référendaires dans la préfecture de Lélouma. Selon lui, des montants considérables sont mobilisés par l’État lors des échéances politiques, mais leur distribution ne profite qu’à quelques individus, au détriment des besoins essentiels de la communauté.
Dans un témoignage franc, il affirme que même sans connaître les chiffres exacts alloués à Lélouma, il est indéniable que « de grandes sommes ont été débloquées ». Or, au lieu de les orienter vers des projets collectifs d’intérêt public, ces montants sont distribués par secteurs, districts ou sous-préfectures, parfois en tranches de 2 à 4 millions GNF par localité, ou encore en petits montants individuels destinés uniquement « à ceux qui ont applaudi ».
Une route vitale financée… par les citoyens eux-mêmes
L’activiste cite l’exemple du reprofilage de la route Korbé–Popodra, un axe crucial reliant Korbé, Diountou et la commune urbaine de Lélouma. Faute d’intervention de l’État, ce sont les populations elles-mêmes qui ont dû cotiser par personne pour financer les travaux, parfois bien au-delà de 100 000 GNF par individu.
« Pendant que l’État débloque des milliards pour les campagnes, nous, citoyens, cotisons pour réparer une route. Une route que tout le monde emprunte. Une route dont tout le monde a besoin », déplore-t-il.
L’année dernière déjà, cette route avait été totalement coupée, isolant les localités. Cette année encore, le même scénario a failli se répéter, mais la mobilisation citoyenne a permis d’éviter le pire.
Une mauvaise stratégie d’utilisation des fonds publics ?
Selon Modi Amadou Sadio Korbé Diallo, la stratégie adoptée par les directeurs de campagne est « mal analysée ». Il estime qu’avec les 6 milliards de francs guinéens prétendument débloqués pour la campagne, 500 millions auraient suffi pour reprofiler durablement la route, offrant un bénéfice réel et collectif :
« Si on avait mis 500 millions dans la route, tout le monde aurait gagné. Partout où il est, chaque citoyen aurait vu l’impact. »
Il déplore que, par souci de calcul politique, seuls ceux jugés favorables ou présents aux manifestations reçoivent de l’argent – une méthode qui exclut une grande partie de la population et ne produit aucune amélioration durable.
« La route appartient à tout le monde »
L’activiste insiste sur le caractère universel des infrastructures publiques : « la route appartient à tout le monde, pas seulement à ceux qui votent, applaudissent ou se présentent aux meetings. »
Selon lui, la priorité de l’État devrait être d’investir dans les besoins fondamentaux : routes, écoles, hôpitaux, et non dans des distributions individuelles éphémères.
Il appelle les autorités à revoir leur stratégie et à injecter l’argent public dans des projets bénéfiques à l’ensemble de la communauté, plutôt que dans des opérations politiques ponctuelles.
Un appel à la responsabilité
Pour Modi Amadou Sadio Korbé Diallo, les combats politiques, quels qu’ils soient, visent tous à améliorer les conditions de vie : faciliter l’accès aux services sociaux, désenclaver les localités, renforcer l’éducation et la santé.
Il conclut en invitant l’État à tirer les leçons de cette situation : « L’argent public doit être mis là où tout le monde a l’avantage. Parce que quand l’État se trompe, personne ne nous écoute après. »
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com














