Guinée, 26 Oct (Infosbruts.com) – Dans le maelström des débats politiques et des sermons démocratiques, la possible candidature du Général-Président Mamady Doumbouya à l’élection du 28 décembre 2025 divise. Mais avant de juger, il faut comprendre : la Guinée d’aujourd’hui n’est pas un laboratoire de principes abstraits. C’est une nation en convalescence, encore fragile, qui tente de se réinventer après des décennies de dérives et de trahisons politiques

Un héritage lourd, une rupture réelle
Le 5 septembre 2021 restera comme l’un de ces moments où l’histoire bifurque. Ce jour-là, un officier a pris le risque de rompre avec un système verrouillé, au nom d’un idéal : restaurer la dignité de l’État.
Depuis, le pays a cessé de tourner à vide. Les réformes engagées, dans la justice, l’armée, la gestion publique, ne sont pas parfaites, mais elles marquent une rupture avec le passé.
Ce processus, encore inachevé, a besoin d’un cap clair.
Demander au Général Doumbouya de se retirer au nom d’un formalisme démocratique, alors que la maison Guinée est à peine stabilisée, c’est vouloir changer de capitaine en pleine tempête.
Les principes ne suffisent pas : il faut du contexte
La démocratie n’est pas une incantation. Elle s’incarne, s’ajuste, se construit. Ceux qui brandissent le “principe sacré de l’alternance” oublient souvent une vérité simple : aucun principe n’a de valeur s’il conduit à la régression.
La Guinée de 2025 ne peut pas se permettre un retour des vieilles pratiques. Les forces politiques traditionnelles, que la transition a mises en retrait, n’attendent qu’un faux pas pour ressaisir le pouvoir et refermer la parenthèse de la refondation.
Dans ce contexte, une candidature de Doumbouya ne serait pas une provocation : ce serait une garantie de continuité, un acte de responsabilité.
Les faits parlent plus fort que les postures
Il ne s’agit pas d’idéaliser le pouvoir en place, mais de reconnaître les faits :
Les finances publiques ont été assainies ;
L’armée, jadis instrumentalisée, est en voie de professionnalisation ;
Les projets structurants (Boffa, Simandou) avancent enfin sous une gouvernance souveraine. Ces chantiers ne peuvent survivre à un saut dans l’inconnu électoral. Le pays a besoin d’une stabilité prolongée, pas d’un bouleversement électoral qui pourrait rouvrir les fractures ethno-politiques.
Le devoir avant l’ambition
Présenter sa candidature en 2025, pour Mamady Doumbouya, ne serait pas un calcul politique mais une continuité logique. Il s’agirait moins d’un droit revendiqué que d’un devoir assumé, celui de protéger une transition fragile, d’éviter que le pays ne retombe dans ses vieux démons, et d’achever la réforme de l’État avant de passer la main. La vraie question n’est donc pas « a-t-il le droit de se présenter ? » mais « la Guinée peut-elle déjà se permettre son départ ? »
Entre principe et responsabilité
L’Afrique avance lorsqu’elle ose concilier ses réalités et ses idéaux. La démocratie ne peut être réduite à la mécanique de l’alternance : elle doit devenir une démocratie de résultat, où la stabilité et la justice priment sur le rituel électoral.
En 2025, le choix guinéen ne sera pas entre un homme et ses opposants, mais entre la continuité d’une refondation et le risque d’une rechute. La Guinée a retrouvé un élan. Il lui faut encore le courage de le maintenir.













