Guinée, 12 Oct (Infosbruts.com) – Cinquante partis politiques et seize candidats indépendants déjà annoncés pour la présidentielle du 28 décembre 2025 ! A ce rythme, il faudra bientôt une table ronde rien que pour la photo officielle des candidats. Un record ? Non, une comédie nationale à ciel ouvert.
Dans une démocratie sérieuse, la pluralité des candidatures est le signe d’une vitalité politique. Mais chez nous, elle ressemble de plus en plus à un carnaval électoral où chacun veut sa minute de gloire. Certains déposent leur candidature comme on dépose une chanson sur TikTok : pour exister, ne serait-ce qu’un instant, dans le grand théâtre politique guinéen.
Derrière les grands discours, la réalité est triste : beaucoup de ces partis ne disposent même pas d’un siège, encore moins d’un bureau exécutif fonctionnel. Ils ne tiennent aucun congrès, ne publient aucun programme, n’ont pas d’idéologie identifiable, à part l’ambition personnelle de « participer à la présidentielle ». La politique s’est transformée en concours d’apparence, où la candidature devient un badge d’importance sociale.
Or, être candidat à la magistrature suprême ne devrait pas être un acte symbolique. C’est une affaire d’idées, de crédibilité, de structure et de vision. On ne postule pas à la présidence d’un État comme à une télé-crochet.
C’est pourquoi la caution financière et le parrainage citoyen doivent jouer pleinement leur rôle : filtrer les plaisantins, les opportunistes et les « figurants électoraux » qui ne visent ni la victoire ni la construction d’une alternative, mais simplement une tribune médiatique ou un marchandage politique de dernière minute.
L’État ne doit pas financer la visibilité de ceux qui n’ont aucune chance d’obtenir 1 % des voix. Dans tous les pays où la démocratie fonctionne, on ne se déclare pas candidat simplement parce qu’on a un compte Facebook et un drapeau à trois couleurs.
La candidature doit être un acte de responsabilité nationale, pas un hobby ou un instrument de négociation post-électorale.
Il ne s’agit pas de limiter la démocratie, mais de la protéger contre la légèreté. La profusion de candidatures sans substance noie le débat, disperse les électeurs, et affaiblit la crédibilité de l’élection.
Un bulletin de vote transformé en catalogue n’est pas une preuve de démocratie, mais le symptôme d’un système sans filtre.
Que chacun se regarde donc dans le miroir de la République avant de crier « moi aussi, je veux être président ». Gouverner un pays, ce n’est pas un jeu d’improvisation. Et quand tout le monde veut être chef, c’est souvent parce que personne ne veut être serviteur.













