Popodara (Labé), 24 Septembre (Infosbruts.com) – A sept kilomètres du centre de Popodara, sur une piste cahoteuse, se dresse le poste de santé du district de Douka Seeleyaaɓe. Érigé en 2022 grâce à l’effort solidaire de la communauté locale, ce bâtiment symbolise la volonté des habitants de prendre en main leur avenir sanitaire. Mais derrière cette réussite collective se cache une réalité inquiétante : l’infrastructure, pourtant remise à l’État, survit aujourd’hui dans un état de dénuement alarmant.

Charles Loua, Chef poste Santé Douka Seeleyaaɓe, dans la commune rurale de Popodara, Labé
Quatre agents pour toute une population
Le poste est animé par une équipe réduite : l’infirmier d’État Charles Loua, chef de poste, une sage-femme, Kadiatou, et deux stagiaires. Ensemble, ils assurent les consultations, le suivi des malades et la prise en charge des urgences du district, qui compte cinq secteurs et une population dense. « Nous faisons de notre mieux, mais nous manquons de tout », confie Charles Loua.
Un bâtiment sans entretien ni équipement
Les murs, construits par la communauté, commencent déjà à souffrir de l’absence d’entretien. A l’intérieur, aucun équipement digne de ce nom : pas de matériel médical de base, aucune table d’accouchement, aucune source d’eau ou d’électricité. « La nuit, pour un accouchement ou une urgence, nous travaillons à la lampe torche ou avec des lampes à piles », explique la sage-femme Kadiatou, inquiète des risques encourus par les patientes et le personnel.

Madame Kadiatou, Sage-femme au poste de Santé de Douka Seeleyaaɓe, Popodara, Labé
Des urgences aux conséquences dramatiques.
Lorsque la situation dépasse leurs moyens, non pas par manque de compétence mais faute d’outils, les agents n’ont d’autre choix que de référer les malades au centre de santé de Popodara. Or, la route de sept kilomètres est difficilement praticable, surtout de nuit ou en saison des pluies. En cas d’hémorragie post-partum, de crise sévère de paludisme ou d’accident grave, chaque minute compte, et ce délai peut coûter des vies.

Des efforts de prévention insuffisants sans soutien
Grâce aux campagnes de sensibilisation et à la distribution de médicaments antipaludiques, les cas de paludisme sont en baisse. Mais la prévention, aussi efficace soit-elle, ne suffit pas à compenser l’absence de conditions minimales pour soigner et sauver.

Un appel pressant aux autorités
Le poste de santé de Douka Seeleyaaɓe illustre une réalité partagée par de nombreuses localités rurales : des communautés qui bâtissent de leurs propres mains, mais un État qui tarde à assurer l’entretien, l’équipement et le soutien nécessaires. Dans un district à forte densité de population, l’inaction face à ce manque criant d’infrastructures médicales met en danger des centaines de familles.

Sans une intervention rapide, dotation en matériel, raccordement à l’eau et à l’électricité, entretien du bâtiment, le poste de santé de Douka Celeyabhé restera un symbole de courage communautaire… mais aussi d’abandon. Les habitants, eux, continuent d’espérer que leur effort initial ne soit pas réduit à une simple coquille vide.
Chérif Sampiring Diallo pour infosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain ».