Labé, 22 septembre 2025 – Les premières tendances issues du scrutin référendaire du 21 septembre laissent apparaître un fait inédit : la ville de Labé, bastion traditionnellement perçu comme un épicentre de l’opposition politique, a largement voté en faveur du « Oui » à la nouvelle Constitution. Une première historique qui pourrait bien rebattre les cartes politiques à l’échelle nationale.
Une rupture avec l’histoire électorale de la région
Depuis l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale en 1958, la ville de Labé s’est presque systématiquement distinguée par un vote discordant avec les tendances nationales lors des différentes consultations électorales majeures. De la présidentielle de 1993 aux élections de 2020, en passant par les différents référendums constitutionnels, Labé a souvent affiché un vote d’opposition, marquant sa défiance à l’égard des pouvoirs en place.
Or, cette fois, les premières remontées des procès-verbaux dans les bureaux de vote de la commune urbaine montrent une adhésion nette au projet de nouvelle Constitution porté par le CNRD, dirigé par le Général Mamadi Doumbouya. Le vote en faveur du « Oui » s’est imposé avec une majorité confortable, tant dans les centres urbains que dans plusieurs quartiers périphériques.
Mamadou Cellou Baldé, l’homme-clé de ce basculement ?
Derrière ce retournement historique, un nom revient avec insistance : Mamadou Cellou Baldé, ancien député de l’UFDG (parti d’opposition) et désormais ministre de la Jeunesse au sein du gouvernement de transition. Transfuge d’une opposition longtemps enracinée dans la région, en communion d’idées et d’actions avec certains notables dont Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo qui avait déjà frayé la voie du rapprochement avec l’État républicain, Mamadou Cellou Baldé, coordinateur préfectoral de la campagne référendaire a joué un rôle stratégique dans la mobilisation des électeurs en faveur du projet constitutionnel à Labé.
Son ancrage local, sa connaissance du terrain, mais aussi sa capacité à parler à la jeunesse et aux notables dans un langage de rupture apaisée, ont visiblement porté leurs fruits. Sa participation active à la campagne référendaire, sur fond de discours d’unité et de projection vers une Guinée nouvelle, a permis d’atténuer les clivages habituels et de réconcilier une partie de l’électorat avec l’idée de changement porté par le CNRD.
Un pari risqué… mais gagnant pour Mamadi Doumbouya
Lorsque le Général Mamadi Doumbouya a nommé Mamadou Cellou Baldé ministre, certains observateurs y ont vu une manœuvre politique audacieuse, voire risquée : confier à une figure de l’opposition historique une responsabilité dans la conduite de la transition.
Mais aujourd’hui, le résultat du référendum à Labé valide ce choix stratégique. En réussissant là où d’autres figures du pouvoir central ont échoué par le passé, Baldé donne un nouveau visage au leadership local, plus proche des réalités de terrain, moins clivant politiquement et porteur d’un projet de refondation nationale jugé crédible par les électeurs.
Labé, thermomètre politique de la transition ?
Cette adhésion au projet de nouvelle Constitution à Labé ne doit pas être sous-estimée. Elle pourrait être interprétée comme un signe de maturation politique d’une partie de la population, qui ne se contente plus de l’opposition systématique, mais cherche à peser activement sur les dynamiques nationales.
En d’autres termes, le « Oui » majoritaire à Labé n’est pas seulement un vote constitutionnel : c’est un message politique fort, envoyé à l’ensemble du pays. Un message qui dit que Labé veut désormais être acteur, non spectateur critique, des mutations en cours.
Une dynamique à suivre de près
Alors que le dépouillement se poursuit dans d’autres régions du pays, le cas de Labé attire déjà l’attention des analystes. Car si le bastion de l’opposition bascule – même temporairement – dans le camp du changement institutionnel, cela pourrait influencer durablement le paysage politique guinéen.
Il reste à voir si cette tendance se confirmera dans les chiffres définitifs, et surtout si elle se traduira par une reconfiguration durable des alliances politiques à l’approche des futures échéances électorales.
Par Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com















