Conakry, 10 août 2025 (Infosbruts.com) – Dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI), Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) actuellement en exil, s’est exprimé sur le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain. L’ancien Premier ministre a rejeté en bloc le processus, qualifiant la future consultation populaire de « mascarade » visant à légitimer une confiscation du pouvoir par le Général Mamadi Doumbouya.
Mais si le discours reste fidèle à la ligne dure adoptée par l’UFDG depuis le coup d’État de 2021, il soulève plusieurs interrogations sur la stratégie politique de l’opposition radicale et la cohérence du positionnement de son principal leader.
Une opposition qui refuse de participer… mais critique les règles du jeu
L’entretien met en lumière un paradoxe fondamental : Cellou Dalein Diallo affirme que son parti ne se sent « pas concerné » par le référendum, mais dans le même souffle, dénonce l’absence de conditions favorables à un scrutin libre et transparent.
Ce positionnement équivoque révèle une contradiction : comment exiger des garanties démocratiques dans un processus auquel on refuse, par principe, de participer ? À aucun moment, le leader de l’UFDG n’envisage de proposer une alternative constructive ou un plan réaliste pour sortir de l’impasse.
Le rejet du dialogue, une stratégie risquée
L’UFDG reproche au CNRD de ne pas avoir instauré un dialogue inclusif pour définir les modalités du retour à l’ordre constitutionnel. Pourtant, depuis plus de deux ans, plusieurs cadres politiques, religieux et diplomatiques ont tenté de favoriser des échanges inter-guinéens, sans véritable succès, notamment en raison du refus persistant de certains partis, dont l’UFDG, de s’asseoir à la même table que les autorités de transition.
Cette stratégie du boycott systématique isole l’UFDG dans l’arène politique, réduisant son influence sur le terrain au profit de nouveaux acteurs qui, eux, choisissent de composer avec les réalités de la transition.
Une rhétorique victimaire devenue routinière
Interrogé sur son échec à se faire recenser à Abidjan, Cellou Dalein Diallo évoque une volonté manifeste du régime de l’écarter du fichier électoral. Pourtant, les autorités évoquent un manquement administratif, notamment l’absence d’une preuve de résidence suffisante. L’ancien Premier ministre balaie ces justifications, sans fournir d’éléments concrets ni d’ouverture au recours légal.
Il continue ainsi d’entretenir une rhétorique victimaire, dénonçant tour à tour la terreur, la corruption, les disparitions forcées, le harcèlement judiciaire… autant de réalités qui méritent d’être prises au sérieux, mais qui, sans preuves claires ni volonté de recours judiciaire, deviennent un discours répétitif qui affaiblit sa crédibilité à l’échelle nationale et internationale.
Un retour hypothétique, un leadership en suspens
Cela fait maintenant plus de trois ans que Cellou Dalein Diallo est en exil, malgré plusieurs déclarations annonçant un retour « imminent ». Dans l’interview, il justifie son absence par un climat de haine et de persécution, tout en réaffirmant que sa place est en Guinée. Mais pour beaucoup de ses partisans et d’observateurs politiques, le doute s’installe quant à sa capacité réelle de revenir et de diriger une opposition structurée sur le terrain.
Le blocage du congrès de l’UFDG, les tensions internes, et l’émergence de nouvelles figures politiques dans le paysage guinéen affaiblissent progressivement son statut de leader incontesté de l’opposition.
Une posture d’opposant historique, mais quelle suite ?
L’entretien de Cellou Dalein Diallo sur RFI ressemble davantage à une déclaration de principe qu’à un plan d’action politique cohérent. À quelques semaines du référendum, l’opposition radicale se trouve dans une impasse stratégique : absente des institutions, absente des urnes, mais omniprésente dans la dénonciation.
Loin de mobiliser autour d’un projet ou d’un espoir démocratique, le discours de Dalein reste enfermé dans le registre de la dénonciation permanente, sans perspective concrète de sortie de crise. Pour de nombreux citoyens, les attentes sont ailleurs : dans les actes, les solutions, et non plus uniquement dans les slogans de résistance.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com















