Guinée, 1er août (Infosbruts.com) – Ce vendredi 1er août, Guinee7.com, par la plume d’Ibrahima S. Traoré, a cru bon de consacrer un article entier au « code vestimentaire » de Cellou Baldé, nouveau ministre de la Jeunesse, lors de sa première apparition en Conseil des ministres. Le titre ? « Cellou Baldé casse le code… vestimentaire ! » Une chronique moqueuse, presque mondaine, qui s’attarde sur le port d’un Jean, comme si, dans la Guinée de 2025, c’était là la plus grande urgence à traiter.

Cette obsession pour le paraître révèle surtout le malaise d’une partie de la presse guinéenne, qui préfère les effets de manche à l’analyse politique, et le jugement de forme à l’évaluation des actes.
Un choix vestimentaire devenu polémique… pourquoi ?
Cellou Baldé est arrivé à la réunion gouvernementale vêtu d’un Jean et d’une chemise. Il n’était ni négligé, ni provocateur. Il était simplement lui-même : fidèle à une posture de proximité avec la jeunesse guinéenne, qu’il a toujours portée dans ses combats politiques, ses prises de position et son parcours personnel.
Mais dans un réflexe typique de surveillance symbolique, on a cru voir dans ce choix une « infraction » au style, voire à la fonction. On a détourné le regard des véritables attentes. Pourtant, la jeunesse guinéenne, elle, ne demande pas des cravates. Elle demande du respect, des opportunités, du concret.
Une satire qui évacue le fond du débat
L’article d’Ibrahima S. Traoré se veut drôle. Il l’est. Mais il échoue à poser la moindre question politique sérieuse. À aucun moment, le journaliste ne prend le soin d’interroger la feuille de route du ministre, ses premières orientations, ses priorités pour la jeunesse guinéenne.
Qu’importe : l’essentiel, selon Guinee7, c’est que le ministre était en Jean. Et c’est précisément cette désinvolture rédactionnelle, cette paresse intellectuelle, qu’il faut dénoncer.
Car pendant qu’on raille la tenue d’un ministre, les jeunes Guinéens, eux, attendent des politiques de formation, des fonds pour l’auto-emploi, un accès réel au numérique, au sport, à la culture, à l’entrepreneuriat. Et ce n’est pas un costume sur mesure qui leur offrira cela.
Casser les codes, c’est parfois gouverner autrement
Il est temps d’en finir avec cette illusion : non, l’autorité d’un ministre ne repose pas sur la rigidité de son col ou la brillance de ses souliers. Elle repose sur sa capacité à comprendre son peuple, à s’en rapprocher, à être crédible et cohérent dans ses actes.
Cellou Baldé n’a pas à se travestir pour paraître « ministériel ». Il n’a pas été nommé pour jouer un rôle, mais pour transformer un secteur en ruine, celui de la jeunesse, souvent exploitée comme variable d’ajustement ou instrument politique.
Guinee7 : quand l’influence dérape vers l’insignifiant
On reconnaît à Guinee7.com son audience et sa place dans l’espace médiatique guinéen. Mais cette chronique signe une dérive : celle d’un journalisme de surface, qui s’amuse de la forme tout en évitant soigneusement le fond. Et ce n’est pas anodin.
Car dans une période de transition, où la Guinée tente (difficilement) de se réconcilier avec les principes de justice sociale, de rupture, de refondation, on attend des médias qu’ils éclairent, pas qu’ils détournent l’attention avec des caricatures de ministre cool ou ringard.
Conclusion : La jeunesse ne s’habille pas en Conseil, elle s’habille de dignité
Le message est clair : que l’on juge les ministres sur leurs actes, pas sur leurs vêtements. Que l’on surveille leurs politiques publiques, pas leur coupe de jean. Et que les médias, s’ils veulent vraiment parler aux jeunes, commencent par leur donner du contenu qui élève le débat — pas qui le ridiculise.
Cellou Baldé n’est pas parfait. Mais il incarne un espoir. Un espoir qu’aucun article moqueur ne devrait mépriser à la légère. L’époque du formalisme creux est révolue. Il est temps que même nos chroniqueurs le comprennent.
Chérif Sampiring Diallo
Journaliste Éditorialiste
InfosBruts.com
Le récit des faits. L’écho du terrain.













