Labé, 28 juin (Infosbruts.com) – Le secteur des taxis-motos à Labé reste un pilier essentiel de la mobilité urbaine, malgré des défis majeurs. Dans un entretien exclusif accordé à AfrikInfo TV (Canal+ 178) et au quotidien en ligne Infosbruts.com, le secrétaire général de la section syndicale USTG des conducteurs de taxis-motos de Labé, Mory Diakité, a fait un tour d’horizon des réalités vécues par les acteurs de cette corporation.

Affiliée à l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), la section locale de Labé compte à ce jour 1 060 conducteurs enregistrés. Sous la direction de Mory Diakité depuis son retour en 2023, le syndicat revendique des avancées notables, notamment l’obtention de motos à bas prix pour les membres grâce à des partenariats.
« Nous allons lentement mais sûrement. Nous travaillons pour des résultats concrets et durables », a affirmé le syndicaliste.
Conscient des critiques sur l’indiscipline de certains conducteurs, Mory Diakité plaide pour une meilleure éducation routière.
« Même si certains respectent les règles, d’autres ne suivent pas les consignes malgré les conseils reçus », déplore-t-il.
Il souligne également des injustices, comme les licenciements arbitraires durant les vacances, où des titulaires de motos se voient évincés au profit de proches venus de l’intérieur du pays.
Selon lui, la plupart des accidents impliquant des membres de l’USTG ne sont pas de leur fait: « en 2025, un seul accident mortel a été enregistré. Le conducteur avait respecté le code, mais une voiture pick-up a violé sa priorité », explique-t-il.
Il ajoute que 98 % des conducteurs affiliés à l’USTG roulent sans incident majeur, selon les constats établis avec la police.
L’USTG déplore un manque d’équité dans la gestion des droits de stationnement, domaine relevant de la commune.
« Nos conducteurs paient les taxes, mais l’USTG ne reçoit aucun retour. Une seule section syndicale est favorisée », regrette Mory Diakité, dénonçant une marginalisation injustifiée de son organisation.


Autre problème majeur : l’insécurité et les vols de motos. Bien que l’USTG n’ait enregistré aucun cas grave cette année, plusieurs incidents concernent d’autres syndicats ou des infiltrations de bandits se faisant passer pour des conducteurs. Pour y remédier, l’USTG a mis en place un système de recensement nocturne, avec cahiers de suivi, numéros de gilets et téléphone.
Le prix jugé excessif de la carte grise (850 000 GNF pour une moto de taxi) a provoqué des mouvements spontanés de colère, non validés par le syndicat.
« Les conducteurs doivent passer par le syndicat pour toute manifestation », rappelle Mory Diakité, soulignant l’importance de maintenir un dialogue structuré avec les autorités.
Le secrétaire général a aussi lancé un appel fort à l’État et aux autorités locales pour une meilleure reconnaissance du rôle socio-économique des taxis-motos.
« Aucun leader politique, aucune autorité, ne peut mobiliser sans nous. Mais une fois au pouvoir, le secteur est oublié », déplore-t-il, appelant à plus de respect et de soutien.
Au terme de cet échange, Mory Diakité a insisté sur la nécessité d’une formation professionnelle continue, d’un traitement équitable entre les différentes structures syndicales, et d’une union nationale entre conducteurs pour faire entendre leur voix.
« Si nous ne nous organisons pas pour parler en notre nom, nous serons toujours utilisés à des fins qui nous échappent », a-t-il conclu.
Entretien réalisé par : Idrissa Sampiring DIALLO
Pour Infosbruts.com & AfrikInfo TV (Canal+ 178)