Conakry, 17 Juin (Infosbruts.com) – Dans une interview accordée à la radio allemande Deutsche Welle (DW), Mamadou Bah Baadikko, président de l’Union des Forces Démocratiques (UFD), tire une sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de stratégie orchestrée par le régime militaire pour confisquer durablement le pouvoir en Guinée.
Alors que le ministère de l’Administration du territoire est chargé de la conduite du processus électoral, M. Bah Baadikko conteste vigoureusement sa neutralité. « Ce ministère n’est pas neutre. Il est une administration engagée, fortement engagée pour légitimer les autorités de la transition », dénonce-t-il, estimant que le pays ne prend pas la voie du consensus, de la paix ni du progrès.
Pour l’ancien député, le danger est d’autant plus grave que les résultats à venir risquent d’être “préfabriqués”, comme cela a été, selon lui, le cas avec l’ancienne Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il dénonce ainsi des dépenses faramineuses sans transparence : « La CENI a dépensé des milliers de milliards pour absolument rien, uniquement pour valider des élections préfabriquées. »
Mamadou Bah Baadikko s’inquiète également du recensement général de la population en cours, qu’il considère comme un outil de manipulation électorale : « Sachez que la moitié de la population guinéenne en âge de voter vit à l’étranger, et l’enrôlement dans les ambassades est pratiquement impossible. » Selon lui, cette manœuvre vise à écarter une grande partie de l’électorat potentiellement critique du régime actuel.
Malgré l’absence d’une déclaration officielle de candidature de Mamadi Doumbouya, le président de l’UFD parle d’une pré-campagne bien réelle et intense. « On est en campagne depuis six mois, avec des centaines de milliers de portraits. Même en Corée du Nord, on n’a pas vu ça », ironise-t-il, dénonçant un gaspillage de ressources publiques qui a contribué, selon lui, à une grave crise de liquidité dans le pays.
Mamadou Bah Baadikko accuse enfin les autorités de restreindre les libertés politiques, pointant du doigt la suspension ou les menaces de suspension qui pèsent sur les plus grandes formations politiques du pays. Il évoque une tentative de retour au parti unique à travers des « formations politiques pancartes, là pour applaudir et gagner leur place ».
« Le pluralisme démocratique, avec un État de droit où les gens sont responsables et respectent un minimum d’éthique, c’est indispensable. Et c’est ce qui va nous manquer », conclut-il avec gravité.
Par Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com