Mamou, 4 juin (Infosbruts.com) – À l’approche de la fête de l’Aïd-el-Kébir (Tabaski), le parc à bétail de la commune urbaine de Mamou affiche complet. Bœufs, moutons et chèvres sont alignés, attachés dans la boue, attendant preneurs. Pourtant, malgré l’abondance des ruminants, les transactions peinent à décoller, au grand désarroi des commerçants et des éleveurs.

« Le parc est plein, mais les conditions sont très difficiles. L’espace est exigu, il y a trop de boue et pour trouver des bêtes de qualité, il faut aller très loin », déplore Hamidou Barry, vendeur de bétail.

Hamidou Barry, vendeur de bétail
Les éleveurs, venus de différentes régions, dénoncent également les tracasseries rencontrées sur la route, notamment avec certains agents des forces de l’ordre.
« Pour accéder au marché hebdomadaire, on traverse beaucoup d’obstacles. Parfois, des hommes en uniforme nous imposent des paiements illégaux », affirme Ibrahima Barry, éleveur.

Ibrahima Barry, éleveur
Du côté des acheteurs, c’est surtout la flambée des prix qui inquiète. Le coût d’un mouton oscille entre deux et quatre millions de francs guinéens, des tarifs jugés inabordables par de nombreux citoyens.
« Je suis dans ce secteur depuis des années, mais je n’ai jamais vu des prix aussi élevés pour un mouton. C’est très difficile de s’en sortir cette année », se plaint Thierno Boubacar Barry, un acheteur rencontré sur place.

Thierno Boubacar Barry, un acheteur
Face à cette situation, des voix s’élèvent pour demander une implication plus active de l’État dans le secteur de l’élevage. Elhadj Alhousseny, un éleveur, plaide pour la mise en place de zones d’élevage bien encadrées et une politique de soutien aux éleveurs.
« Le gouvernement doit créer des zones réservées à l’élevage, investir dans ce secteur et écouter les difficultés des acteurs », suggère-t-il.

Elhadj Alhousseny, un éleveur
À deux jours de la fête, le risque est réel : de nombreux éleveurs pourraient essuyer de lourdes pertes financières si les ventes ne s’accélèrent pas. La situation appelle à des mesures urgentes et structurelles pour renforcer la chaîne de valeur de l’élevage en Guinée.
Par Mamadou Alpha Soryah DIALLO, pour Infosbruts.com