Labé, le 2 juin (Infosbruts.com) – Le lancement imminent du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) pour les guinéens de l’étranger est accueilli comme une bonne nouvelle par de nombreux compatriotes. Cette initiative permettra enfin de doter les ressortissants guinéens vivant hors du pays d’un état civil biométrique fiable et sécurisé. Cependant, une interrogation majeure surgit : comment les guinéens nés à l’étranger, notamment au Sénégal, au Mali ou en Sierra Leone, pourront-ils obtenir leur certificat de nationalité guinéenne, document indispensable au processus, en l’absence de magistrats guinéens sur place ?
Interrogé à ce sujet par Infosbruts.com, Alseyni Sylla, coordinateur régional du PN-RAVEC à Labé, a apporté des éclaircissements importants.
« Nos compatriotes vivant au Sénégal, au Mali, en Sierra Leone ou ailleurs ont certes des extraits de naissance délivrés par les autorités du pays d’accueil. Mais la nationalité, c’est d’abord l’appartenance à son pays d’origine. La justice sénégalaise, par exemple, peut leur délivrer un certificat de nationalité guinéenne, en se basant sur leur filiation et leur attachement à la Guinée », a-t-il affirmé.
Cette précision vient répondre à l’inquiétude grandissante de milliers de Guinéens de la diaspora, dont une bonne partie est née sur sol étranger. Ces derniers redoutent de ne pouvoir produire les documents requis pour bénéficier du recensement biométrique, faute d’un cadre légal adapté dans leur pays de résidence.
En pratique, les consulats guinéens à l’étranger jouent un rôle crucial. Ils peuvent attester de la nationalité d’un citoyen en fonction des informations disponibles (filiation, documents parentaux, actes consulaires antérieurs). Toutefois, dans plusieurs pays, la délivrance officielle d’un certificat de nationalité nécessite l’intervention d’un magistrat ou d’un officier de justice.
C’est pourquoi certains observateurs appellent les autorités guinéennes à renforcer la coopération consulaire et judiciaire avec les pays voisins, afin d’éviter que les guinéens de l’étranger ne soient exclus du processus de recensement pour des raisons administratives.
« Il faut une coordination étroite entre les ambassades, les services de l’état civil et le ministère de la Justice pour faciliter l’établissement des certificats de nationalité à distance ou via des missions spéciales », recommande un juriste.
Le RAVEC pour la diaspora représente bien plus qu’un simple enregistrement : c’est une étape déterminante pour l’inclusion civique, sociale et politique de tous les guinéens, où qu’ils soient. Ne pas résoudre cette question de nationalité reviendrait à priver de nombreux citoyens de leur droit fondamental à l’identité et à la participation.
En attendant des solutions structurelles, des initiatives locales pourraient émerger à travers les représentations diplomatiques et les associations de guinéens de l’étranger, en collaboration avec les autorités locales et les organisations internationales actives dans le domaine de l’état civil.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com