Conakry, 22 mai (IBC) – Au terme d’une visite de travail à Conakry, le Procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mame Mandiaye Niang, s’est exprimé sur les récents développements dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009, notamment la grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara. Il a tenu à préciser la position de la CPI dans le cadre du principe de complémentarité, tout en affichant une vigilance prudente.

« La qualification ici n’est pas encore acquise de façon absolue. Mais même en cas de grâce ou d’amnistie, notre doctrine veut que ce qui a été décidé sur le plan interne ne nous soit pas automatiquement opposable », a souligné le haut magistrat.
Il a rappelé que la CPI garde la possibilité de revenir sur un dossier si elle estime que les mesures nationales sont insuffisantes ou contraires aux engagements pris dans le cadre d’un partenariat juridique.
« Si nous estimons que ce qui est fait n’est pas satisfaisant, nous pourrions tout à fait reprendre le dossier. Mais nous n’en sommes pas encore là », a-t-il précisé, appelant à ne pas surinterpréter les évolutions en cours.
M. Niang a recontextualisé la relation entre la Guinée et la CPI, qu’il a qualifié de « compagnonnage », marqué par un accompagnement constructif visant à renforcer le système judiciaires guinéen.
« Il peut y avoir des imperfections dans la démarche, que ce soit dans la formation des magistrats au droit international humanitaire, ou dans le cadre légal qui, au départ, ne prévoyait pas les crimes de droit pénal international. »
Malgré les défis, il estime que des progrès ont été réalisés, et que la CPI poursuit son évaluation sans pour autant envisager une rupture avec les autorités judiciaires guinéennes.
« Nous n’avons pas encore déterminé que tout est compromis. Ce n’est pas notre évaluation du moment. Au contraire, je suis persuadé qu’il y a encore beaucoup de choses à sauver, et elles le seront. »
Abordant la question des grâces ou amnisties accordées dans les affaires de crimes graves, le procureur adjoint a souligné la complexité juridique du sujet à l’échelle internationale : « il n’y a pas de démarche universelle. Dans certains pays, de telles mesures ont été acceptées, ailleurs non. Nous observons et analysons en fonction du contexte. »
Le message de la CPI reste donc clair : la complémentarité avec la Guinée reste en vigueur, mais cette confiance est conditionnée au respect du droit, à la transparence de procédures, et à la poursuite effective de la justice pour les crimes du 28 septembre.
La visite de M. Niang s’inscrit dans cette dynamique de suivi et de soutien à la justice guinéenne, sans exclure des actions futures si les engagements n’étaient pas respectés.
Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com