Sanoyah, 12 mai (IBC) – Alors que le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC) bat son plein à travers le pays, dans certains quartiers, la réalité du terrain contraste avec les appels officiels à une participation citoyenne massive. A Sanoyah, un seul kit de recensement est mis à la disposition de plusieurs secteurs, créant des tensions, des frustrations et parfois même des scènes de désordre. Le témoignage de notre confrère Habib Yembering Diallo, journaliste chevronné, habitant le quartier Passya Textille, en dit long sur les difficultés rencontrées par de nombreux citoyens.

Dans son quartier, Passya Textille, la machine d’enrôlement – cet objet devenu le plus important du moment, dit-il, était annoncé pour les 9, 10 et 11 mai. Il avait été convenu que le premier jour serait réservé aux personnes âgées, aux malades, aux imams et à d’autres figures notables du secteur. Entre 8h et 10h, tout semblait bien démarrer, jusqu’à ce que des jeunes commencent à dresser des listes parallèles, perturbant l’ordre établi. Des agents accompagnent leurs proches, des files improvisés se créent, et la tension monte d’un cran.
« Les femmes, auxquelles on avait demandé de revenir le samedi, se sont déchaînées. Plus question de réserver une journée spéciale à qui ce soit. Une sacrée pagaille s’en est suivie », raconte-t-il sur son compte Facebook.
Le journaliste raconte avoir patienté jusqu’à 13h avant de quitter les lieux pour la mosquée. L’un des imams, qui l’avait lui-même inscrit la veille, lui conseille de revenir le samedi dès l’aube. Ce qu’il fait. Mais à sa grande surprise, une file de près de 100 mètres s’était déjà formée, aussi bien du côté des femmes que des hommes.
« J’ai préféré rentrer chez moi pour écouter les infos matinales, comme d’habitude », glisse-t-il avec humour.

Lorsqu’il revient aux alentour de 10h, la situation est encore plus déconcertante : aucune personne âgée sur les lieux. Il apprendra plus tard qu’elles ont été brutalisées par les jeunes frustrés, que revendiquaient à leur tour le droit au samedi, comme cela leur avait été promis.
Face à ce qu’il qualifie de chaos, Habib Yembering Diallo décide de faire appel à une solution d’expérience. Son statut de journaliste lui permet de se faire recenser n’importe où sur le territoire national. Il contacte son neveu, Elhadj Mamadou Diawo, qui l’oriente vers les agents du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.
« J’y vais. Contrairement à la pagaille du quartier, les agents tourn aient les pouces. Et l’accueil a été très chaleureux », témoigne-t-il.
Il conclut avec une sagesse empruntée à la langue poular : « il ne faut pas manquer deux choses à la fois : la force et l’imagination. »
Un témoignage révélateur des défis logistiques et organisationnels qui freinent, parfois, une opération pourtant cruciale pour la citoyenneté et l’inclusion administrative. Le récit de ce journaliste met en lumière la nécessité d’une meilleure planification et d’un suivi rigoureux dans le déploiement des dispositifs du RAVEC, afin de garantir l’accès de tous à ce droit fondamental.
Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com