Conakry, le [date du jour] – L’histoire prête à sourire, mais elle soulève une question sérieuse sur la rigueur et l’équité du processus électoral en Guinée. Le président du Parti Guinée Moderne, M. Thierno Mamadou Yaya Diallo, a vu sa candidature à l’élection présidentielle rejetée par la Cour suprême, pour un motif pour le moins inattendu : le détachement d’un trombone qui reliait ses photos d’identité à sa fiche personnelle.
Selon son avocat, Maître Mamoudou Sané, le dossier de son client était complet et conforme aux exigences légales. La Cour elle-même reconnaît d’ailleurs que la fiche d’identité et les deux photos étaient bien présentes dans le dossier. Cependant, les juges ont estimé que le fait que les photos se soient détachées de la fiche – le trombone ayant disparu – rendait le dossier non conforme, justifiant ainsi le rejet de la candidature.
« Croyez-moi, les photos étaient jointes à la fiche d’identité par un trombone. Comment ces photos ont-elles pu se détacher ? Là est la question sans réponse. Et pourtant, la Cour a vu la fiche, elle a vu les photos, mais elle n’a pas retrouvé le trombone », explique Me Sané, encore sidéré par cette décision.
Un symbole d’injustice procédurale ?
Le juriste s’interroge sur le sens d’une telle décision : « Peut-on raisonnablement priver un citoyen de son droit constitutionnel de se présenter à une élection nationale pour une raison aussi dérisoire ? Le droit ne saurait se réduire à une formalité mécanique, surtout quand l’intention et la bonne foi du candidat sont manifestes. »
Pour lui, cette affaire illustre un excès de formalisme qui menace la crédibilité du processus démocratique : « La vie politique ne devrait pas se jouer à un trombone près », déclare-t-il avec amertume.
Une voie sans recours
La Cour suprême étant la juridiction électorale suprême en Guinée, la décision est définitive et sans appel. Aucun autre recours n’est prévu, malgré le fait que tous les éléments du dossier étaient bel et bien présents lors du dépôt.
« Il n’existe aucune autre voie de recours. Nous savons tous que les photos servent à identifier le candidat, et qu’elles étaient bien jointes à la fiche. C’est profondément regrettable qu’un simple trombone puisse priver un citoyen de son droit politique le plus fondamental », conclut Me Sané.
Une leçon amère
Cette affaire, désormais qualifiée par certains observateurs de “feuilleton du trombone”, restera sans doute dans les annales judiciaires du pays. Elle rappelle à quel point la transparence, la souplesse administrative et le respect des droits politiques doivent rester au cœur de la démocratie guinéenne.
En attendant, Maître Sané adresse un message d’espoir à son client : « Courage, M. Diallo. La vie est devant vous. Cette épreuve n’est qu’une étape, pas une fin. »
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com














