Dakar, 12 nov. (Infosbruts.com) — Le climat politique sénégalais s’envenime au sommet de l’État. Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, ne se parlent plus le même langage. Selon Assane Samb, journaliste, analyste politique et directeur de Solo Quotidien, invité d’Afrique Midi sur RFI, la rupture entre les deux hommes est désormais « quasi consommée ». « Il ne peut pas être un président pour servir de faire-valoir à quelqu’un. Soit il s’assume, soit il disparaît », tranche Assane Samb.

Assane Samb, journaliste, analyste politique et directeur de Solo Quotidien
La cohabitation entre les deux anciens compagnons de lutte semble désormais impossible. Le Sénégal entre ainsi dans une période d’incertitude politique, marquée par la fin du tandem Sonko–Diomaye, pourtant symbole de l’alternance historique de 2024.
Une fracture née d’un désaccord sur l’autorité présidentielle
Tout serait parti, rappelle Assane Samb, d’une sortie publique d’Ousmane Sonko en juillet dernier, au cours de laquelle il avait accusé le président Faye de manquer d’autorité. Ce coup de griffe politique intervenait après la confirmation par la Cour suprême de sa condamnation à six mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA d’amende pour diffamation envers un ancien ministre.
Une décision judiciaire lourde de conséquences : elle pourrait écarter Sonko de la présidentielle de 2029. Depuis, estime Samb, le Premier ministre soupçonne le chef de l’État de n’avoir rien fait pour empêcher cette issue. « Sonko pense que le président est complice ou, à tout le moins, qu’il n’a pas agi pour le protéger », analyse-t-il.
Des tensions devenues publiques
Les relations se sont vite détériorées, au point que le Premier ministre n’hésite plus à critiquer ouvertement le président, parfois sur un ton jugé « humiliant ». Selon l’analyste, « le président Diomaye Faye a fini par prendre ses responsabilités ».
La dernière illustration de cette crise : la guerre autour de la direction de la coalition présidentielle. En septembre, le chef de l’État avait exprimé son souhait de remplacer Aïda Mbengue à la tête de cette coalition. Mais samedi dernier, lors de son Terra Meeting, Ousmane Sonko a publiquement confirmé Aïda Mbengue dans ses fonctions, prenant de court le président. En réaction, Bassirou Diomaye Faye a officialisé la nomination d’Aminata Touré à ce poste, confirmant la rupture politique entre les deux hommes.
Vers une crise politique et institutionnelle
Pour Assane Samb, le pays se dirige droit vers une crise politique majeure, susceptible de se muer en crise institutionnelle : « Chacun devra désormais choisir son camp. Le président n’a plus le choix : il doit s’assumer ou disparaître. »
Selon lui, Diomaye Faye, pourtant cofondateur du PASTEF avec Sonko, se retrouve aujourd’hui isolé dans un parti totalement acquis à son Premier ministre. « Les militants du PASTEF sont des fidèles de Sonko. Ce ne sont pas de simples adhérents », souligne-t-il.
Un président acculé mais déterminé
Face à cette situation, le président n’a d’autre choix que de se rebiffer. D’après l’analyste, il devra constituer une nouvelle force politique autour de lui, avec le soutien éventuel d’alliés, de mouvements citoyens ou même de partis d’opposition.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com















