Labé, 17 Oct (Infosbruts.com) – Le tribunal criminel de Labé a rendu ce vendredi son verdict dans le procès très suivi d’Algassimou Diallo, entrepreneur et formateur en pâtisserie, poursuivi pour viol et séquestration dans deux dossiers distincts. Après plusieurs audiences marquées par des débats tendus, l’accusé a été reconnu coupable et condamné à cinq ans de réclusion criminelle.
La juridiction a également ordonné le versement de 20 millions de francs guinéens à K. Barry et 15 millions à Aissatou Lamarana Diallo à titre de dommages et intérêts. Les frais de justice ont été mis à la charge du condamné.
Une audience sous tension
Dès l’ouverture de cette ultime séance, le père d’Aissatou Lamarana Diallo a été entendu à la barre. Il a confirmé les accusations de sa fille, affirmant qu’elle lui avait confié avoir été droguée et violée dans le centre de formation d’Algassimou Diallo. La défense, pour sa part, a tenté de soulever plusieurs incohérences dans le récit de la jeune femme et a présenté un témoin surprise, un collégien, dont la comparution a finalement été autorisée à titre informatif. Mais avant de déposer, le témoin a disparu, provoquant un moment de confusion dans la salle.
La défense plaide le doute
L’avocat de la défense a dénoncé un dossier « sensationnel » monté sur des « spéculations sans preuves ». Selon lui, les réquisitions du ministère public, qui avait demandé cinq ans de prison ferme, ne reposaient sur aucun élément matériel.
« On a voulu que l’accusé prouve son innocence, alors qu’il n’y a aucun témoin direct ni test scientifique », a-t-il plaidé. Il a rappelé qu’Algassimou Diallo avait été le premier à solliciter un test ADN, à ses propres frais, « pour établir la vérité », mais que cette demande avait encore été rejetée.
Concernant le cas de K. Barry, la défense a insisté sur l’absence d’enquête approfondie et sur le manque de moyens techniques dans le pays. Elle a souligné que « des enquêtes bâclées peuvent conduire à des erreurs judiciaires ».
S’agissant d’Aissatou Lamarana, elle a mis en doute la version de la plaignante, évoquant « un modus operandi invérifiable », en l’absence de test toxicologique ou d’indices prouvant une drogue. Le rapport médical, selon l’avocat, faisait état d’une ancienne défloration et de sang menstruel, « sans trace récente de violence sexuelle ».
Le ministère public parle de circonstances aggravantes
Le procureur a, pour sa part, requis cinq ans de réclusion criminelle en soulignant les circonstances aggravantes et la gravité des faits. Il a rappelé que les deux victimes avaient subi des traumatismes physiques et psychologiques durables.
Un verdict qui divise
Après les réquisitions et la plaidoirie, le tribunal a rejeté les dernières demandes de la défense, notamment celle de séparer les dossiers et d’ordonner un test ADN. L’accusé, visiblement abattu, a réaffirmé son innocence.
Algassimou Diallo, qui avait d’abord bénéficié d’une liberté surveillée dans le dossier K. Barry avant d’être placé en détention préventive, restera donc en prison pour purger sa peine.
L’affaire, très médiatisée à Labé, a relancé le débat sur la rigueur des enquêtes criminelles et la place des preuves scientifiques dans les dossiers de viol.
Chérif Sampiring Diallo InfosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. »












