Labé, 16 Oct (Infosbruts.com) – Le tribunal criminel de Labé a tenu ce jeudi une audience très animée dans le cadre des affaires opposant le ministère public à Algassimou Diallo, entrepreneur et formateur domicilié à Pounthioun. Âgé de 32 ans, il est poursuivi dans deux dossiers distincts : pour viol suivi de grossesse sur K. Barry, âgée de 17 ans au moment des faits, et pour séquestration et viol sur Aissatou Lamarana Diallo, 20 ans.
A la demande du tribunal, les deux dossiers ont été joints en un seul, avec l’accord du ministère public, des parties civiles et de la défense. Dès l’ouverture des débats, l’accusé a nié en bloc les faits reprochés et a confirmé la même version donnée à la gendarmerie et devant le juge d’instruction. Malgré les nombreuses questions du tribunal, du parquet et des avocats des parties civiles, il est resté constant dans ses déclarations.
Concernant le dossier de K. Barry, Algassimou Diallo affirme qu’un soir, la jeune femme, alors apprentie dans son centre de formation en pâtisserie, avait eu un malaise vers 22h. Il dit avoir tenté à plusieurs reprises de joindre sa mère sans succès. Selon lui, il lui aurait proposé d’appeler son taxi motard pour la raccompagner, mais elle aurait refusé, préférant attendre que le malaise passe. Il déclare être rentré chez lui et avoir trouvé K. Barry, le lendemain matin, assise sur la terrasse du centre. Elle lui aurait confié avoir passé la nuit sur place, expliquant que ses parents ne l’aimaient pas.
Toujours selon l’accusé, la veille, la jeune femme avait été battue par sa mère et sa marâtre, d’où des blessures visibles au visage.
La version de la présumée victime, représentée au tribunal par sa marâtre, est différente. Elle affirme avoir été droguée avant d’être violée et ne garde aucun souvenir de la nuit, hormis une sensation de vertige avant de perdre connaissance. Elle dit s’être réveillée le lendemain vers 7h du matin sur un matelas couvert d’un rideau.
Au cours de l’audience, Algassimou Diallo a sollicité un test ADN afin de prouver son innocence. Il a rappelé qu’il avait déjà fait la même demande à la gendarmerie à ses propres frais. Cette fois, il a proposé de financer le test lui-même, à condition d’être remboursé si les résultats le disculpent.
La marâtre de K. Barry et le ministère public ont rejeté cette requête. La partie civile a notamment produit une lettre qu’Algassimou avait écrite pendant l’enquête à la gendarmerie, dans laquelle il faisait ses adieux à sa famille et léguait son entreprise au futur bébé de K. Barry jusqu’à sa majorité. L’accusé a reconnu avoir rédigé cette lettre, expliquant qu’il voulait « piéger » K Barry, qui était sa prétendante au mariage.
Dans le second dossier, Aissatou Lamarana Diallo a réaffirmé devant le tribunal avoir été droguée et violée. Elle explique qu’Algassimou lui aurait proposé de se rendre à Pita pour une séance de formation. Arrivée au centre un lundi vers 18h, elle aurait attendu le départ, qui n’est jamais venu. Il lui aurait demandé d’acheter de la nourriture et des boissons. Peu après, elle se serait sentie mal, après avoir bu un verre d’eau contenant un médicament qu’il lui avait donné. Elle dit s’être évanouie, puis réveillée deux jours plus tard dans un état confus. Entre-temps, son père serait venu la chercher.
Algassimou Diallo, lui, soutient qu’il n’a jamais drogué ni abusé de la jeune femme. Il affirme qu’elle est arrivée en retard, que le voyage pour Pita avait été annulé, et qu’il lui avait demandé de rentrer chez elle. Mais elle aurait insisté pour passer la nuit au centre afin de prouver à ses parents qu’elle se rendait bien en formation.
L’avocat de la défense a brandi un rapport médical mentionnant des traces de sang menstruel et une ancienne défloration, sans signes récents de traumatisme. Il a également présenté des captures d’écran d’une conversation supposée entre Aissatou et une tierce personne, pour démontrer qu’elle n’était pas inconsciente à la période indiquée. Ces images ont été jugés incohérentes par le tribunal, qui a demandé leur origine.
Aissatou a nié avoir eu cet échange de messages, affirmant avoir changé de téléphone depuis longtemps. La défense, estimant que les droits de son client n’étaient pas respectés, a menacé de se récuser si les demandes de vérification et de test ADN n’étaient pas prises en compte.
Le ministère public a dénoncé une tentative d’incident juridique, tandis que l’une des parties civiles a proposé de dissocier les deux dossiers afin de permettre au tribunal de se prononcer séparément, et d’accorder à l’accusé la possibilité d’un test ADN dans le cas de K. Barry.
Après concertation avec son avocat, Algassimou Diallo a finalement renoncé à cette demande, tout en annonçant qu’il reviendrait sur la question en appel, notamment après la naissance du bébé.
Le tribunal a renvoyé l’affaire au vendredi 17 octobre 2025 pour la poursuite des débats.
A noter qu’il s’est écoulé environ deux mois entre les deux faits reprochés à l’accusé. En attendant ce procès, il avait d’abord été placé sous liberté surveillée dans le dossier K. Barry, avant d’être mis en détention préventive il y a environ quatre mois, après la plainte déposée par le père d’Aissatou Lamarana Diallo.
L’audience de ce jeudi aura confirmé la complexité de ce dossier, où la parole des plaignantes s’oppose à celle de l’accusé, dans un climat chargé d’émotions et de contradictions. Le verdict s’annonce incertain, tant les versions divergent et les preuves manquent de solidité.
Chérif Sampiring Diallo pour infosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. »












