Lélouma, 5 août (InfosBruts.com) – Dans le silence empreint de respect de la grande mosquée de Lélouma, édifice historique vieux de plus de deux cent soixante-dix ans, les fidèles ont afflué ce vendredi pour la grande prière hebdomadaire. A la tête de l’office, Elhadj Ibrahima Leysaaré, Secrétaire préfectoral des affaires religieuses, a livré un sermon d’une vingtaine de minutes dont la profondeur a marqué les esprits.
D’une voix posée, teintée de gravité et de douceur, le prédicateur a rappelé les valeurs fondamentales qui cimentent toute société : le bon voisinage, l’hospitalité et le respect mutuel. Appuyant son propos sur les enseignements du Saint Coran et sur les hadiths du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui), il a exhorté les croyants à renouer avec la bienveillance et l’ouverture envers autrui.
« Accueillez l’étranger, honorez votre voisin, car c’est là un signe de foi véritable », a-t-il lancé, citant les paroles du Prophète : « Celui qui croit en Dieu et au Jour dernier doit honorer son voisin et bien traiter l’étranger. »
Ces mots simples, portés par la foi et la sagesse, ont traversé la salle comme une invitation à reconstruire les ponts du vivre-ensemble dans un monde où l’indifférence gagne du terrain.
Un message spirituel pour une Guinée en quête d’unité
Au-delà de sa portée religieuse, le message d’Elhadj Leysaaré résonne profondément dans le contexte d’une Guinée encore convalescente après une décennie de tensions et de divisions politiques. Les plaies de la méfiance et des incompréhensions ne sont pas encore totalement refermées. Pourtant, l’espoir renaît : celui d’un peuple qui aspire à la réconciliation, à la confiance retrouvée et à la paix durable.
Dans cette perspective, le sermon du Secrétaire préfectoral apparaît comme un appel à la refondation morale, celle des consciences et des comportements,, complémentaire à la refondation politique engagée par les autorités.
« La cohésion nationale ne se décrète pas, elle se vit », semblait rappeler le prédicateur. Et cette cohésion, disait-il, commence dans les foyers, les concessions et les quartiers, là où naissent les gestes simples : un salut, un sourire, un partage, un pardon.
La grande mosquée, mémoire vivante d’une foi séculaire
Dressée au cœur de Lélouma depuis plus de deux siècles et demi, la grande mosquée, avec ses murs patinés et son minaret veillant sur la cité, était ce jour-là bien plus qu’un lieu de prière. Elle fut le témoin d’un message d’unité et de renaissance spirituelle.
Les fidèles, jeunes et vieux, ont écouté avec recueillement. Certains, les yeux embués, murmuraient des « Amin » à la fin de chaque invocation. Dans cette ferveur partagée, on percevait une même conviction : celle que la paix et la fraternité commencent dans le cœur de chaque croyant.
La refondation par les cœurs
Alors que la Guinée poursuit son chemin dans l’ère de la Refondation, ce sermon rappelle une vérité essentielle : aucune réforme ne peut réussir sans une transformation intérieure des citoyens. La refondation, avant d’être institutionnelle ou politique, doit être spirituelle et morale.
Ce vendredi d’août à Lélouma, les mots d’Elhadj Ibrahima Leysaaré ont semé, dans le silence des âmes, les graines d’une espérance nouvelle : celle d’une Guinée réconciliée avec elle-même, fidèle à son hospitalité légendaire et à sa foi en la fraternité humaine.
Et lorsque les fidèles ont quitté la mosquée, sous un soleil clément et bienveillant, un sentiment diffus mais puissant flottait dans l’air : le parfum d’une foi renouvelée, d’une paix retrouvée.
Chérif Sampiring Diallo, pour InfosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. »