Labé, 29 Septembre (InfosBruts.com) – Dans la capitale du Fouta, la colère gronde contre la Société des eaux de Guinée (SEG). Après plusieurs jours d’enquête dans les quartiers urbains de Labé, le constat est unanime : l’eau distribuée par la société publique est jugée impropre à la consommation.
Une eau « imbuvable » qui suscite la méfiance
De Tata 1 à Kouroula, en passant par Mosquée et Daka, les témoignages se recoupent. Les robinets délivrent une eau trouble, parfois rougeâtre, qui dégage une odeur métallique. « On ne peut même pas laver du riz avec ça, à plus forte raison la boire », confie Ramatiulaye Barry, mère de famille à Tata. Nombre de foyers renoncent à l’utiliser pour la cuisine ou la boisson, se limitant à quelques usages domestiques non alimentaires.
Trois familles sur cinq préfèrent les forages
Face à cette défaillance, la population s’organise. Selon nos observations, près de trois ménages sur cinq s’approvisionnent exclusivement dans des forages privés. Dans des quartiers entiers, Thiaguè ( Tata 2) , Pounthioun, il est rare de rencontrer une famille encore abonnée à la SEG. Des particuliers, parfois de simples philanthropes, ont installé des puits modernes et en distribuent l’eau gratuitement aux voisins. Ce système parallèle, né de la nécessité, supplée aujourd’hui la mission de service public.
Les causes d’un désengagement
La SEG, dont la vocation est d’assurer une eau potable régulière, voit sa légitimité mise à mal. Le manque d’entretien des canalisations et l’insuffisance des contrôles de qualité sont régulièrement pointés du doigt par les usagers. A Labé, la situation illustre l’incapacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs, malgré les promesses de modernisation.
Des conséquences environnementales préoccupantes
La multiplication anarchique des forages n’est pas sans risque. Les hydrologues alertent sur la baisse du niveau des nappes phréatiques et l’intrusion d’eaux polluées. Sans régulation ni études d’impact, ces puits privés peuvent à terme fragiliser les ressources souterraines, accélérer l’assèchement des sols et perturber l’équilibre écologique. « Nous créons un problème écologique pour en résoudre un autre », prévient un ingénieur en hydraulique.
Appel à une réponse urgente
Face à cette crise, les habitants réclament des actions rapides : contrôle strict de la qualité de l’eau, rénovation des réseaux, transparence dans la gestion. Sans un sursaut de la SEG et un engagement fort des autorités locales, l’accès à une eau potable sûre, pourtant un droit fondamental, restera un défi majeur pour les familles de Labé.
Chérif Sampiring Diallo Journaliste très indépendant pour infosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. »