Labé, 29 septembre (Infosbruts.com) – Le climat reste tendu au sein de l’administration électorale de Labé. Le Directeur préfectoral des élections, Saïkou Yaya Barry, est au cœur d’un nouveau scandale financier, accusé par des représentants des 205 membres des bureaux de vote de la sous-préfecture de Noussy d’avoir tenté de percevoir illégalement une partie des fonds destinés à leur indemnisation.
Ce lundi, une délégation des représentants lésés s’est rendue à son bureau dans l’espoir de récupérer un montant détourné estimé à 30 750 000 francs guinéens, relatif aux primes de formation et à l’organisation du référendum du 21 septembre dernier.
Tentative de « transaction »
À la grande surprise des manifestants, Saïkou Yaya Barry aurait proposé un compromis pour le moins douteux : conserver une partie de la somme, en l’occurrence 5 millions de GNF, et restituer le reste. Selon les témoignages recueillis, le responsable préfectoral a insisté pour que les plaignants lui « laissent quelque chose », comme une commission tacite.
Pour tenter de justifier cette exigence, il a exhibé deux documents :
Le premier : un échéancier de remboursement en trois tranches par Aboubacar Touré, Directeur régional des élections, lui aussi épinglé récemment pour détournement.
Le second : une mise en demeure officielle, lui ordonnant de restituer dans un délai de 48 heures l’intégralité des fonds indûment perçus au détriment des agents électoraux de terrain.
Une réaction choquante
Lors de l’entretien, Saïkou Yaya Barry aurait déclaré que « quand on garde l’argent de quelqu’un pendant 3 jours, il est difficile de le lui remettre en intégralité », propos qui ont profondément choqué ses visiteurs, les poussant à y voir une tentative de légitimation du détournement.
« Quand tu déplaces une botte de paille, il est inévitable que quelques brins restent derrière », aurait-il insisté.
Face à cette posture jugée arrogante et désinvolte, Oumar Baldé, porte-parole des agents électoraux de Noussy, a formulé une contre-proposition : laisser 5 millions au directeur préfectoral et réclamer 25 750 000 GNF en guise de restitution partielle, à défaut d’obtenir le remboursement intégral dans l’immédiat.
48 heures de sursis
Sous la pression et conformément aux instructions de la Directrice générale des élections, Saïkou Yaya Barry a fini par demander un délai de 48 heures pour régulariser la situation. Il aurait, toutefois, sollicité discrètement la clémence des membres de la délégation afin de ne pas ébruiter l’affaire, de peur de perdre son poste voire se retrouver en détention.
Une série noire pour l’administration électorale régionale
Ce nouvel épisode ternit davantage l’image de l’institution électorale à Labé, déjà entachée par les révélations antérieures. Il interpelle sur la gestion opaque des fonds électoraux et sur l’impunité qui semble régner dans certains cercles de l’administration préfectorale.
Pour les membres des bureaux de vote lésés, la bataille pour la justice ne fait que commencer. Ils réclament l’intervention urgente des autorités centrales, afin que lumière soit faite sur cette affaire, et que les responsabilités soient situées.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com