Guinée, 7 août (Infosbruts.com) – « Il y a une forme de naufrage qui ne fait pas de bruit : celle des intellectuels qui s’accrochent à leurs illusions. « Quand Alpha Issagha Diallo prend la plume, c’est souvent pour en faire un miroir tendu à son maître spirituel, Cellou Dalein Diallo. Cette fois, pourtant, il a préféré viser un autre : Idrissa Sampiring Diallo. Dans une tribune ampoulée et faussement sentencieuse, il tente de travestir un débat légitime en querelle morale. Il oppose « la particule » au « tout », « l’écho » à « la voix », « le futile » à « l’essentiel ». L’effet est saisissant. Le fond, lui, est bancal.
Car que reproche-t-il à Idrissa Sampiring Diallo, au juste ? D’avoir osé critiquer un éloge public adressé à Souleymane Souza Konaté, un cadre actif et bien vivant de l’UFDG, par un acteur qui se réclame de la société civile. Voilà le crime. Avoir dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : la société civile n’est pas un sas d’attente pour militants en congé. Et l’indépendance ne se proclame pas à coups de hashtags.
Mais ce rappel, Alpha Issagha n’en veut pas. Trop dérangeant. Trop vrai. Il préfère transformer la critique en sacrilège, le débat en attaque personnelle, la nuance en trahison. Il ne répond pas à l’argument, il le déforme. Comme toujours.

Alpha Issagha Diallo, lèche bottes auprès de Cellou Dalein Diallo
Alpha Issagha n’analyse pas, il vénère
Depuis plus de quinze ans, il ne s’est jamais départi d’une posture : celle de griot poli de l’UFDG. Aucun recul, aucune remise en question, aucune inflexion. Il a accompagné chaque silence stratégique, chaque recul idéologique, chaque incohérence de son « champion » avec la grâce d’un poète de cour. Il a fait de la fidélité politique une religion, et de l’écriture une catéchèse au service du chef.
Alors bien sûr, voir un acteur comme Idrissa Sampiring Diallo contester un éloge partisan, même bien emballé, c’est intolérable pour lui. Car cela menace l’écosystème confortable dans lequel vivent ces intellectuels alignés. Ceux qui prennent la posture de vigie tout en gardant un œil sur la ligne du parti.
Et pourtant, Idrissa Sampiring ne fait que rappeler l’évidence : quand on dirige une organisation de la société civile, on évite d’encenser publiquement un cadre d’un parti politique, surtout quand ce parti se rêve encore en messie national. Ce n’est pas une injure, c’est une exigence démocratique. Ce n’est pas une attaque contre Souza Konaté, c’est un questionnement sur les dérives de posture. Et c’est exactement ce que refuse de voir Alpha Issagha, aveuglé par des années d’adoration.
Une tribune pour quoi ? Pour rien.
Alpha Issagha ne défend pas la vérité. Il défend un camp. Il ne cherche pas la clarté, malgré ce qu’il écrit en bas de ses signatures. Il cherche la protection d’un récit : celui d’une opposition incarnée, héroïque, infaillible. Toute voix qui en sort devient suspecte. Toute critique devient hérésie.
En traitant Idrissa Sampiring de « silhouette », il tente de l’effacer. Mais ce qu’il révèle surtout, c’est sa propre incapacité à penser sans allégeance. Il parle d’engagement, mais confond toujours engagement politique et vassalité intellectuelle. Il parle de société civile, mais ne tolère que celle qui applaudit. Il parle d’éthique, mais ne l’applique jamais à ceux qu’il sert.
Il est là, le vrai contraste. Entre un homme libre, qui écrit ce qu’il pense, et un homme captif, qui pense ce qu’il a appris à écrire. Entre une pensée en mouvement, et une pensée au garde-à-vous.
Alpha Issagha incarne le passé
Celui d’une critique sélective, d’une parole verrouillée. Il incarne ces intellectuels qui, derrière leurs belles phrases, répètent sans fin les vieux refrains d’une opposition qui ne sait plus où elle va. Il n’est pas le témoin du réel. Il est le témoin du rituel.
Et le plus ironique, c’est que cette tribune censée nous offrir une leçon de morale ne fait que confirmer l’indispensable : la société guinéenne a besoin de voix critiques, pas de chroniqueurs prosternés. Elle a besoin de débats, pas d’excommunications. Et elle a besoin de vérité, même quand elle dérange les fausses clartés.
Chérif Sampiring Diallo
Journaliste, Éditorialiste, Observateur libre. Allergique à l’encens et aux génuflexions intellectuelles.
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