Mandiana, 30 Oct (Infosbruts.com) – Une vive tension prévaut dans la sous-préfecture de Balandougouba, préfecture de Mandiana, après la saisie présumée de 59 bidons d’essence par des militaires affectés à la société GBG, installée dans le district de Sidikila. Les faits se seraient produits le mercredi 29 octobre 2025.

Dramane Doumbouya, propriétaire du carburant
Des citoyens dénoncent une confiscation arbitraire
Contacté par Infosbruts.com, Dramane Doumbouya, l’un des propriétaires du carburant, explique comment les militaires ont intercepté leur cargaison :
« Nous avons acheté 59 bidons d’essence à Siguiri pour arroser nos jardins à Balandougouba. Arrivés à Sidikila, un militaire de la société GBG a arrêté notre véhicule et envoyé tout le carburant à leur base. Quand nous sommes allés négocier, un soldat nommé Billy nous a dit que l’essence avait été vendue et l’argent transféré au colonel à Mandiana. Nous demandons aux autorités de nous aider à récupérer notre argent. »
Selon lui, cette perte a gravement compromis les activités maraîchères de plusieurs familles dépendant de l’irrigation.
Le président de la délégation spéciale confirme les faits
Le président de la délégation spéciale de Balandougouba, Yakouba Sidibé, confirme la version des citoyens et précise que le carburant était destiné aux paysans pour l’irrigation :

Yakouba Sidibé, Président Délégation spéciale Balandougouba
« L’essence venait de Siguiri pour les maraîchers. Le chauffeur devait livrer à Sidikila quand les militaires de la société GBG ont saisi le véhicule. J’ai immédiatement contacté le capitaine Billy Condé pour lui expliquer que le carburant n’était pas à revendre, mais il m’a dit que le colonel de Mandiana avait déjà été informé. »
Yakouba Sidibé affirme avoir tenté d’intercéder auprès du colonel Sandé Touré, commandant du camp de Mandiana, sans succès :
« J’ai appelé le colonel Touré, le préfet et le maire de Mandiana pour plaider la cause des maraîchers, mais personne n’a accepté d’intervenir. Finalement, le carburant a été revendu et l’argent envoyé au colonel, sans que les propriétaires n’en voient la couleur. »

Colonel Sandé Touré, commandant du camp de Mandiana
Le colonel Sandé Touré se défend
Interrogé à son tour, le colonel Sandé Touré, commandant du camp militaire de Mandiana, rejette les accusations et pointe du doigt le président de la délégation spéciale, qu’il accuse de trafic de carburant vers le Mali :
« Tout le monde sait ce que nous vivons actuellement avec la crise du carburant. Le président de la délégation fait du trafic entre la Guinée et le Mali. Même quand le carburant est obtenu avec un bon signé par le préfet, il ne doit pas circuler la nuit. »

Jardin de Dramane Doumbouya
Le colonel affirme que ce n’est pas la première fois qu’il interpelle l’autorité locale :
« Une première fois, nous avons intercepté 260 bidons d’essence qu’il faisait venir de Siguiri. Il a promis d’arrêter. Deux jours plus tard, mes hommes ont saisi encore 59 bidons. J’ai donc ordonné que le carburant soit revendu au prix officiel de 12 000 francs guinéens le litre et que l’argent serve à nourrir mes soldats. »
Des accusations croisées
Le colonel Touré soutient par ailleurs que Yakouba Sidibé l’aurait menacé :

Jardin Dramane Doumbouya
« Il m’a dit qu’il allait appeler le général Abdoulaye Keïta, alias commandant Faga, pour me faire relever de mes fonctions. J’ai les preuves vocales. Ce n’est pas la première fois qu’il trafique du carburant : 330 bidons lui appartenant ont encore été saisis avant-hier. »
De son côté, le président de la délégation spéciale aurait porté plainte contre le président du district de Sidikila, qu’il accuse de n’avoir rien fait pour libérer son carburant.

Colonel Fodé Soumah, Préfet Mandiana
La préfecture de Mandiana se démarque
Le préfet de Mandiana, colonel Fodé Soumah, nie avoir autorisé l’utilisation ou la vente du carburant saisi :
« Je n’ai jamais demandé aux militaires de revendre le carburant ou d’en utiliser l’argent pour se nourrir. Ce n’est pas l’objet de nos réunions. Quand il y a une saisie, le carburant doit être remis à la SONAP. Si le colonel l’a utilisé autrement, cela n’engage que lui. »
Une affaire suivie de près
Ce différend oppose donc le colonel Sandeny Touré du camp de Mandiana, les militaires basés à Sidikila, et les autorités locales de Balandougouba.
Les populations, quant à elles, réclament la restitution de leur argent ou du carburant perdu.
Affaire à suivre…
Depuis Kankan, Abdoulaye Kallo, correspondant pour Infosbruts.com
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