Lafou, 6 Oct (Infosbruts.com) – A Lafou, dans la préfecture de Lélouma, la pauvreté des caisses communales n’a pas étouffé la volonté de bâtir. Depuis son installation le 10 avril 2024, l’équipe dirigée par Mamadou Mouctar Kansaghel Diallo se bat contre un ennemi silencieux : l’absence presque totale de recettes fiscales.

Mamadou Mouctar Kansaguel Diallo, PDS Lâfou
Ancien sous-préfet à Tougué, fonctionnaire à la retraite, le président de la délégation spéciale de Lafou n’a rien d’un novice. Pourtant, même son expérience ne suffit pas à résoudre le casse-tête financier de cette commune rurale. « Nous avons des idées, nous avons des bras, mais nous n’avons pas de ressources », confie-t-il, entouré de ses six conseillers, dont deux femmes.

Le marché hebdomadaire, censé être la première source de revenus, tourne à vide. Il se tient le même jour que celui de Popodara, une localité plus proche de Labé, qui attire commerçants et clients de tout l’axe. Résultat : les étals de Lafou restent clairsemés, les taxes insignifiantes, et le budget communal réduit à peau de chagrin. L’équipe réfléchit à changer le jour du marché, une mesure simple mais cruciale pour redonner un peu de vie économique à la commune.

Malgré ce manque de moyens, les réalisations s’enchaînent, souvent portées à bout de bras par la communauté. Une boucherie-abattoir en construction, deux nouvelles salles de classe pour le lycée, une adduction d’eau pour la cité administrative, un pont à Kignahoun dans le district de Doghol Timbobhè… A Lafou, les projets avancent lentement, mais ils avancent. La peinture fraîche du logement des fonctionnaires en est le symbole discret.

Le président Diallo insiste sur le rôle décisif de la solidarité locale. Les ressortissants de Lafou établis ailleurs ont déjà mobilisé huit millions de francs guinéens pour appuyer la construction des salles de classe. « C’est la preuve que quand on appelle, nos fils et filles répondent », dit-il, le ton empreint de fierté.
Mais la commune reste fragilisée. Ses infrastructures administratives, mairie et bloc préfectoral, menacent ruine. Ses écoles manquent d’enseignants titulaires. Ses recettes ne couvrent même pas les dépenses de fonctionnement. « Sans appui de l’État, Lafou ne peut pas se relever seule », prévient le président de la délégation spéciale.
Dans cette commune où tout manque sauf la volonté, la gouvernance locale se résume à un exercice d’équilibre : faire plus avec moins. Et dans un pays où les jeunes s’imposent dans la gestion publique, Lafou a choisi la voie de la sagesse en confiant son avenir à un ancien administrateur qui croit encore au pouvoir de la patience et du collectif.
Chérif Sampiring Diallo pour infosBruts.com
« Le récit des faits, l’écho du terrain. »