Guinée, 20 Septembre (Infosbruts.com) – Du Fouta profond à la diplomatie internationale, Mahmoud Maz Diallo aura été de toutes les batailles de la République. Enseignant, administrateur, militant, gouverneur, diplomate et patriote rigoureux, il laisse derrière lui un legs empreint de loyauté, de constance et d’engagement désintéressé. Son décès en 2025 marque la fin d’une trajectoire exceptionnelle, mais aussi le début d’un devoir de mémoire.
Origines et jeunesse : un ancrage dans la tradition et l’éducation
Né en 1941 à Doŋal (canton de Tomini, cercle de Labé), Mahmoud Maz Diallo est le fils de Modi Souleymane / lanɗo Doŋal (1905 -) et de Nennen Saliou Dian Parawol (1909 -). Son prénom lui vient de son oncle paternel, Mahmoudou Talibé, ancien amiiru de Lélouma (1933).
Il entame son parcours scolaire à Lélouma Pétel en 1948, sous la direction du maître Kissia Tounkara, avant de rejoindre Conakry en 1955 pour entamer le cycle secondaire au Séminaire de Bellevue. Logé chez son tuteur Amadou Teliwel Diallo, il y forge ses premières armes intellectuelles.
L’engagement politique et militant : la passion du service public
Diplômé du brevet élémentaire, il devient instituteur adjoint à Pita en 1959, mais c’est dans l’arène politique qu’il fait rapidement ses preuves. Militant du PDG, il est nommé en 1963 secrétaire général du comité régional de la Jeunesse du RDA. Il y gagne le surnom de « Maz », en référence à son admiration pour Majhemout Diop, figure du panafricanisme radical.
Fin orateur, il devient le traducteur attitré du « Camarade Stratège » Ahmed Sékou Touré, à qui il prête sa voix dans un pular élégant et convaincant, au service d’une stratégie de « communication de proximité ».
Son ascension s’appuie aussi sur les conseils d’un mentor : Alfa Souleymane Bari, figure de Timbi Madina, avec qui il apprend à conjuguer discipline de parti et enracinement territorial.
Administrateur bâtisseur : Lélouma, une œuvre collective
Marié en 1967 à Halimatou, fille de Nennen Diamilatou Doniko et de Modi Amirou, lui-même ancien amiiru de Lelouma, Maz incarne une tradition de leadership local éclairé.
Nommé premier gouverneur de Lélouma (1975-1980), il transforme le modeste arrondissement en chef-lieu administratif, grâce à l’investissement humain de la population. Il supervise la construction de l’ensemble des bâtiments publics (sauf la prison, ironisait-il), inaugurés le 2 janvier 1978, ainsi qu’une mosquée moderne (1979), tout en protégeant le lieu de culte historique fondé en 1744.
Son action est guidée par un idéal : « l’émancipation des masses », sur la base du travail, de la solidarité et de la foi.
La diplomatie et la République : servir l’État jusqu’au bout
Après Lélouma, Maz devient gouverneur à Kissidougou puis N’zérékoré, et enfin à Mamou. Il accède au Bureau Politique National du CNR à 41 ans, symbole d’une jeunesse montante au sein du pouvoir.
Sékou Touré lui propose un portefeuille ministériel, mais Maz, dont la vue décline, préfère la diplomatie. Il devient ambassadeur auprès du Mali, du Niger et de la Haute-Volta (Burkina Faso), soucieux de renforcer les liens historiques entre ces pays sahéliens.
Mais la mort du président (1984), le coup d’État et la répression qui s’ensuit interrompent cette trajectoire. Arrêté, puis innocenté, Maz ne renonce pas à son devoir : il reprend avec Facinet Touré les démarches diplomatiques entamées par le ministre Abdoulaye Touré, dans un esprit de continuité républicaine.
Une mémoire vivante, une conscience en éveil
Dans l’émission « À vous la parole ! » de Facely II Mara, Maz livre un témoignage lucide sur les zones d’ombre de l’histoire politique guinéenne. Il rappelle l’importance de l’État, du service public, et de l’intégrité dans la gestion des affaires nationales.
Ambassadeur du devoir, serviteur de l’État, voix du peuple, Mahmoud Maz Diallo incarne une génération de bâtisseurs qui, malgré les vents contraires, n’ont jamais renié leur idéal.
Prière et hommage final
Aujourd’hui, la Guinée perd un de ses fils les plus constants, les plus discrets et les plus dévoués.
Kala maayɗo mo anndaa ɗum, najoyay tuma ronki ko jaaboraa lamnditagol.
Mo najii e yenaande daɗay daɗudee, kulaleeji to Moofturu maa sumugol.
(Thierno Samba Mombéya, Le Filon du Bonheur éternel, 1971)
Qu’Allah lui pardonne ses fautes, lui accorde la miséricorde et l’accueille dans Son Paradis. Amine.
Remerciements
Commissaire de Police (er) Mamadou Lamine Bah, Boubacar Sanso Barry, Ministre Boubacar Barry Timbo, Mohamed Aly Chérif, Col. Aliou Diakité, Pr. Gayo Diallo, Idrissa Sampiring Diallo, Baba Diawara, S.E. Jean Matho Doré, Mamadou Konaté, Mohamed Maïga, Facely II Mara, S.E. Mahamadou Nimaga, Bokar Sangaré, S.E. Maman Sambo Sidikou, Hafidou Timbi Madina Sow, Ministre Yaya Sow, Ibrahima Kalil Touré – et Musiɗal Leluma.













