Labé, 19 août (Infosbruts.com) – Dans le tumulte quotidien du marché central de Labé, un métier ancestral continue de résister au temps et à la modernité : la cordonnerie artisanale. À la tête de cette activité, Thierno Mamadou Harouna Diallo, président des cordonniers du marché, perpétue une tradition vieille de plusieurs décennies. Artisan chevronné, il partage avec Infosbruts.com son parcours, ses difficultés, et les opportunités que lui a offertes ce métier.

Thierno Mamadou Harouna Diallo, président des cordonniers interrogé par Binta Sampiring Diallo pour Infosbruts.com
Un savoir-faire hérité et modernisé
C’est dans l’atelier de son père que Thierno Mamadou Harouna Diallo découvre le métier de cordonnier. Aujourd’hui, après 35 ans de pratique, il est devenu une référence dans la fabrication de chaussures et d’articles en cuir à Labé.
« Mon père m’a appris à fabriquer des pètes-pettes, des babouches, des sacs… Avec le temps, nous avons modernisé le travail. Aujourd’hui, nous produisons plusieurs modèles adaptés à la demande actuelle », explique-t-il.
Les produits qu’il conçoit avec son équipe sont variés : sandales en raphia, pouffes en gomme, chaussures pour enfants, sacs à dos pour hommes, ceintures, entre autres.

Une production locale adaptée et exportée
Pour la fabrication de ces articles, les artisans s’approvisionnent en matières premières comme le cuir, les tapis, la colle ou encore les doublures. Si autrefois ils tannisaient eux-mêmes les peaux, aujourd’hui, ils font appel à des spécialistes ou importent les intrants depuis Conakry, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.
Face à la saison des pluies, souvent redoutée par les vendeurs de chaussures en cuir, Thierno Mamadou Harouna Diallo fait preuve d’ingéniosité : « Nous adaptons nos modèles à l’hivernage en utilisant des semelles en caoutchouc. Cela permet aux clients de porter nos chaussures même sous la pluie. »

Par ailleurs, ses produits attirent des grossistes venus de Kankan, Siguiri, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, notamment en saison sèche, période de forte demande.
Une activité qui nourrit son homme
Pour cet artisan, la cordonnerie est bien plus qu’un métier : c’est une source de dignité et de fierté: « Grâce à cette activité, j’ai pu fonder une famille, construire une maison et participer à des actions sociales. C’est un métier qui m’a tout donné », témoigne-t-il, le sourire aux lèvres.

Des difficultés persistantes
Malgré les avantages, tout n’est pas rose. Le principal obstacle reste l’irrégularité des grossistes, ce qui impacte la fluidité de l’écoulement des stocks. En outre, le coût élevé des intrants freine la production et rend les prix moins compétitifs.
Face à cette situation, Thierno Mamadou Harouna Diallo lance un appel aux autorités et aux partenaires :
« Nous sollicitons un appui en équipements et en subventions. Si nous avions des machines de production et un meilleur accès aux matières premières, nous pourrions vendre à des prix plus abordables. Nous sommes déjà organisés en association, prêts à collaborer. »
Entretien réalisé par Binta Sampiring Diallo pour Infosbruts.com







