Kissidougou, 6 août (Infosbruts.com) – Une profonde crise de gouvernance ébranle actuellement la commune urbaine de Kissidougou. Plusieurs conseillers de la délégation spéciale montent au créneau pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « graves irrégularités financières et administratives » dans la gestion municipale.
D’après leurs révélations, un cercle restreint au sein de l’exécutif communal exercerait un contrôle exclusif sur les finances locales, procédant à des décaissements importants sans concertation ni approbation du conseil communal. Selon eux, près de 500 millions de francs guinéens auraient été engagés de manière irrégulière, dans un contexte de projets fictifs et de dépenses injustifiées.
Des chantiers inachevés et des dépenses suspectes
Les élus dénoncent notamment l’existence de coûts artificiellement gonflés pour certains projets, mais aussi le financement de travaux fictifs. Plusieurs initiatives financées ont été soit abandonnées, soit mal exécutées, souvent en l’absence de tout cahier de charges formel et sans suivi technique ni contrôle administratif.
Parmi les projets controversés figurent :
• L’arc de bienvenue du grand rond-point, toujours en chantier ;
• L’achat non abouti d’un camion benne, malgré une avance de 70 millions GNF versée ;
• Les latrines du marché de Keredou, toujours en attente d’achèvement ;
• Le curage inachevé des caniveaux ;
• Le reboisement prévu pour 2024, jamais entamé.
Le non-respect des sessions ordinaires aggrave la crise
Autre sujet de mécontentement : l’absence de sessions ordinaires, pourtant prévues tous les trois mois. Aucune réunion du conseil ne s’est tenue depuis des mois, déplorent les conseillers, ce qui entrave sérieusement leur rôle de contrôle et de suivi des actions communales.
Appel à une enquête judiciaire
Face à cette situation, les élus locaux exigent l’ouverture d’une enquête judiciaire ainsi qu’un audit complet des finances communales. Ils réclament que les responsabilités soient clairement établies et que des poursuites soient engagées en cas de malversations avérées.
« Il ne s’agit plus simplement d’une mauvaise gestion, mais d’un détournement manifeste des deniers publics, au détriment du développement de Kissidougou », a confié un conseiller sous anonymat.
Dans la ville, les citoyens s’indignent et demandent plus de transparence, de reddition de comptes et de réformes profondes pour remettre la mairie sur les rails.
La défense du vice-président de la délégation spéciale
Pour tenter d’apaiser les tensions, le vice-président de la délégation spéciale de la commune urbaine de Kissidougou, Mamadi Mansaré, a accordé un entretien aux journalistes locaux. Il a apporté des explications sur un document intitulé « Tableau pour suivi des chantiers d’investissements sur fonds propres (PAI 2024-2025) », qui détaille sept projets pour un coût global de 583 019 301 GNF.
Interrogé sur l’absence d’appels d’offres dans l’attribution de ces marchés, Mamadi Mansaré reconnaît des erreurs : « Nous pensions que des activités de 40 ou 50 millions ne nécessitaient pas forcément d’appels d’offres, surtout que ces procédures engendrent aussi des coûts. Nous avons donc confié les travaux à notre ingénieur-conseil pour son expérience. Nous sommes d’ailleurs satisfaits de certains chantiers comme l’aménagement du grand rond-point et la réalisation du collecteur d’eau à la poste. »
Concernant le camion benne, pour lequel 70 millions GNF ont été versés à l’entreprise Faramaya depuis janvier 2025, le vice-président précise : « Le coût total du camion est de 160 millions GNF. Nous avons versé une avance à un fils de Kissidougou qui s’était engagé à livrer un véhicule de 6 m³ dans un délai de 3 mois. Lors d’un récent déplacement à Conakry, il m’a rassuré que le camion arriverait à Kissidougou d’ici la semaine prochaine. Alors, je ne comprends pas pourquoi certains parlent déjà de détournement. »
Les 137 millions pour les lampadaires en question
Autre point sensible : le projet de réhabilitation de 20 lampadaires pour un montant total de 137 millions GNF, déjà payé depuis décembre 2024. Nombreux sont les citoyens qui doutent de la réalisation effective des installations.
« Ce projet couvrait l’installation de 14 lampadaires au grand rond-point, 4 à la Place des Martyrs et 2 à la mairie. Malheureusement, les deux lampadaires de la mairie ont été vandalisés la nuit même de leur installation. Concernant le coût, il peut paraître élevé, mais chaque lampadaire comprend deux batteries, chacune valant environ 1,5 million GNF, en plus d’autres équipements comme les régulateurs. Le montant a été ajusté en cours d’exécution à la demande de l’entrepreneur, ce qui a pu surprendre certains conseillers non informés », a-t-il expliqué.
Une commune à la croisée des chemins
Alors que les tensions ne cessent de croître, les citoyens de Kissidougou espèrent des actes concrets de la part des autorités compétentes pour faire la lumière sur cette affaire et garantir une gestion plus transparente à l’avenir.
Par Idrissa Sampiring Diallo pour Infosbruts.com













