
Tougué, 17 juillet (Infosbruts.com) – La route Labé-Tougué, longue de 85 kilomètres, est aujourd’hui dans un état de dégradation alarmant. Nids de poule, ravins, glissements de terrain, ponts effondrés… cet axe pourtant vital pour les échanges économiques et les déplacements entre préfectures de la région devient chaque jour plus impraticable, notamment en cette période de fortes pluies.

Autrefois parcourue en deux heures, cette route nécessite aujourd’hui entre 5 et 6 heures de trajet, au prix de nombreuses pannes, de risques d’accidents et de blocages fréquents, parfois pendant toute une journée.



Mariama Penda Baldé, Kegna Dow Caangol
Les conséquences sont lourdes pour les populations, notamment en matière d’accès aux soins de santé. Témoignage éloquent :
« Ma mère a été frappée par un AVC. Nous avons tenté de l’évacuer au poste de santé de Bady. Le trajet a été un véritable calvaire. À un moment, j’ai dû descendre pour que mon jeune frère puisse continuer avec ma mère à bord de la moto en provenance du poste de santé, après les soins reçus. Nous demandons aux autorités compétentes d’intervenir rapidement », alerte Mariama Penda Baldé, résidente du district de Kegna.

Trois « points noirs » à l’origine du chaos
Selon les usagers et les autorités locales, la situation est particulièrement critique à trois endroits : Kanso, Koulouma et Kegna.
« À Kanso, chaque semaine, deux à trois camions se renversent. À Koulouma, dès qu’il pleut, c’est l’impasse. Le maillot prend tout. Et à Kegna, les véhicules sont obligés de grimper des pentes couvertes de pierres, impraticables sans un bon engin », explique Cheick Oumar Touré, secrétaire général du syndicat des chauffeurs et mécanique générale de Tougué.

Pire encore, certaines infrastructures de base ont été démontées sans qu’aucune déviation ne soit aménagée, aggravant le désastre.
« On ne peut pas refaire toute la route pendant la saison des pluies, c’est vrai. Mais on peut au moins traiter ces trois points noirs comme cela se fait ailleurs », plaide Cheick Oumar Touré, lançant un appel pressant aux autorités et aux personnes de bonne volonté.

Cheick Oumar Touré, Secrétaire Général Syndicat Chauffeurs Tougué
Risque d’isolement total
Face à l’absence de solutions durables, les habitants craignent un isolement total de la préfecture dans les semaines à venir, notamment si les pluies d’août s’intensifient.
« Si rien n’est fait d’ici là, Tougué sera complètement coupé de Labé. Il faut agir maintenant, en urgence », conclut le syndicaliste.

Des efforts communautaires d’entretien ont bien été entrepris, mais ils ne suffisent plus à contenir l’ampleur de la dégradation. L’État est donc interpellé pour intervenir en urgence, au risque de voir toute une préfecture isolée, avec des conséquences humanitaires, économiques et sociales graves.
Depuis Tougué, Alpha Boubacar Barry pour Infosbruts.com