Conakry, 14 Juin (Infosbruts.com) – Alors que les files d’attente s’allongent devant les banques et que l’impatience monte dans les marchés et les foyers, la Guinée traverse une crise de liquidité sans précédent. Depuis plusieurs semaines, les Guinéens sont confrontés à une rareté des billets de banque, avec des retraits plafonnés, des guichets parfois fermés et une incertitude croissante sur leur capacité à accéder à leur propre argent.

Ce phénomène, loin d’être un simple incident technique, révèle les failles systémiques d’une économie sous pression. Il affecte gravement les citoyens, notamment les plus vulnérables : fonctionnaires, retraités, commerçants, enseignants, jeunes entrepreneurs. Tous s’interrogent : comment vivre dans un pays où l’on ne peut pas accéder à ses économies ?
La crise actuelle a bouleversé le quotidien. Faute de courant, les forages sont à l’arrêt dans certains quartiers ; les produits périssables ne peuvent plus être conservés ; les paiements de salaires, de dettes ou de fournitures sont retardés. Pour beaucoup, cette situation est perçue comme une forme de pauvreté imposée, fruit d’un blocage économique plus global que ponctuel.

Selon plusieurs observateurs économiques et acteurs de la société civile, cette crise de liquidité n’est pas accidentelle, mais résulte de plusieurs facteurs combinés : Une politique budgétaire déséquilibrée, marquée par une augmentation des dépenses sans couverture adéquate ; Un manque de coordination entre la Banque centrale et les institutions financières ; Un climat d’incertitude politique qui favorise la thésaurisation et affaiblit les circuits économiques formels ; Une communication déficiente des autorités sur l’état réel des finances publiques.
Tant que ces racines ne seront pas traitées, les citoyens continueront de subir les effets d’un système économique déconnecté de la réalité sociale.

Mamadou Diouldé Sow, coordonnateur préfectoral de la Maison des associations et ONG de Guinée à Pita
Dans une tribune relayée par Infosbruts.com, Mamadou Diouldé Sow, coordonnateur préfectoral de la Maison des associations et ONG de Guinée à Pita, lance un appel à la responsabilité partagée pour sortir de cette impasse.
Responsabilité de l’État : Le gouvernement doit jouer cartes sur table, communiquer clairement, rétablir la confiance et réformer en profondeur la gestion des finances publiques.
Responsabilité citoyenne : Il est essentiel de ne pas céder à la panique. La mobilisation citoyenne, pacifique et constructive est indispensable pour éviter que le silence ne tue l’espoir.
Responsabilité des acteurs économiques : Banques, entreprises et opérateurs économiques doivent s’inscrire dans une logique de relance et de solidarité pour restaurer la fluidité monétaire et la stabilité du marché.
Pour Mamadou Diouldé Sow, cette crise n’est pas une fatalité. Elle peut – et doit – devenir une opportunité de repenser le fonctionnement économique de la Guinée: « ce sursaut ne viendra pas d’en haut, mais de nous tous, conscients, unis et debout », écrit-il.
La crise actuelle révèle en effet l’urgence de réformer, de planifier, et surtout de gouverner autrement. L’économie n’est pas qu’une affaire de chiffres, c’est le reflet de la dignité des citoyens, de leur pouvoir d’agir, et de leur avenir commun.
Par Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com