Conakry, 19 mai (IBC) – Dans le cadre du suivi du procès des massacres du 28 septembre 2009, une mission du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) séjourne actuellement à Conakry. Une visite accueillie avec intérêt par l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), qui appelle les autorités guinéennes à maintenir le cap de la justice et à garantir l’équité pour toutes les victimes.
Interrogé sur cette mission, Alseny Sall, chargé de communication de l’OGDH, a rappelé que la CPI n’intervient que lorsque les juridictions nationales font preuve d’incapacité ou de manque de volonté à juger les crimes de masse. Or, selon lui, la Guinée s’est engagée à instruire et juger le dossier du 28 septembre. C’est donc à ce titre que la Cour pénale internationale appuie le pays, dans un esprit de complémentarité, tel que prévu à l’article 17 du Statut de Rome.
« Depuis le début de la procédure, la CPI a effectué plus d’une dizaine de missions en Guinée pour évaluer le processus judiciaire en cours. Cette dernière visite s’inscrit dans cette dynamique de suivi », explique M. Sall.
Parallèlement au procès, le gouvernement a récemment annoncé des mesures d’indemnisation en faveur des victimes, à travers un décret ciblant 334 personnes. Si l’OGDH salue cette initiative, elle déplore l’absence de clarté et d’inclusivité dans la sélection des bénéficiaires.
« Au début du procès, un fonds d’indemnisation estimé à 11 milliards GNF avait été annoncé, mais il n’a jamais été opérationnalisé. Aujourd’hui, on parle de réparations, ce qui est une bonne chose, mais la procédure reste floue. Comment a-t-on identifié uniquement 334 victimes, alors que plus de 450 ont été entendues durant l’instruction ? », s’interroge Alseny Sall.
L’OGDH insiste sur la nécessité de garantir un traitement équitable pour toutes les victimes et appelle à davantage de transparence dans le processus d’indemnisation. Elle craint notamment que ces mesures, bien qu’appréciables, ne soient utilisées comme substitut au procès pénal en cours.
Pour l’OGDH, le procès du 28 septembre dépasse le seul cadre des victimes directes. Il constitue un tournant historique pour la lutte contre l’impunité en Guinée, un pays qui, depuis son indépendance, a connu de nombreux crimes d’État jamais jugés.
« Ce procès est le premier du genre à mettre en cause des hauts responsables de l’État. Il doit créer un précédent positif. Il ne s’agit pas simplement de justice pour les victimes du stade, mais d’un signal fort pour l’ensemble de la société guinéenne », martèle le chargé de communication de l’OGDH.
La mission de la CPI est donc perçue comme une opportunité de s’assurer que la Guinée honore ses engagements internationaux, tant en matière de justice que de respect des droits humains.
L’OGDH appelle enfin le Bureau du Procureur de la CPI à examiner toutes les préoccupations soulevées par les victimes, notamment sur la transparence du processus d’indemnisation et la poursuite effective des auteurs présumés.
Par Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com