Guinée, 14 mai (IBC) – Alors que le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC) bat son plein en Guinée, de nombreuses interrogations émergent concernant les conditions d’enrôlement des citoyens ne disposant pas de pièces d’état civil classiques. Deux cas particulier suscitent des préoccupations : les personnes nées en Guinée mais sans acte de naissance, et celles nées à l’étranger de parents guinéens. Que dit la procédure officielle ?

Alseyni Sylla, Coordinateur régional du RAVEC à Labé
Selon Alseyni Sylla, coordinateur régional du RAVEC à Labé, on peut se faire recenser loin de son lieu de naissance, sans acte de naissance : « une personne née dans une localité comme Kakoni, dans la préfecture de Gaoual, peut tout à fait se faire établir un jugement supplétif tenant lieu d’acte de naissance dans une autre localité, comme Boké, où elle réside actuellement. Le document mentionnera simplement que l’intéressé est né à Gaoual », précise-t-il.
Ce jugement supplétif permet donc aux citoyens sans acte de naissance de se faire identifier et enrôler sans devoir nécessairement retourner dans leur lieu d’origine.
En ce qui concerne les personnes nées à l’étranger, la situation est plus complexe. Toujours selon Alseyni Sylla, ceux qui disposent d’un extrait de naissance délivré par les autorités de leur pays de naissance (par exemple, un citoyen né à Saint-Louis au Sénégal) ne peuvent pas être recensés uniquement sur la base de ce document.
« L’intéressé doit obligatoirement présenter un certificat de nationalité guinéenne », explique-t-il. Ce document est délivré gratuitement dans le cadre du RAVEC, pour permettre aux citoyens concernés d’être pris en compte dans le fichier d’état civil national.

Pourtant, sur le terrain, certains responsables locaux semblent appliquer une autre consigne. Le chef de la Section préfectorale des Affaires politiques et électorales de Labé, Alghassimou Lamine Diallo interrogé affirme que les personnes nées à l’étranger ne peuvent pas être recensées si leur extrait de naissance mentionne une nationalité étrangère.
« On nous dit de ne pas enrôler ceux dont les extraits indiquent qu’ils ont une autre nationalité que celle guinéenne, sauf si le document établi par les autorités de leur pays d’accueil précise ‘’nationalité guinéenne’’. Sinon, on refuse », affirme-t-il.
Cette divergence crée une confusion et pourrait engendrer des frustrations parmi les nombreux guinéens nés hors du pays, qui souhaitent pourtant exercer leur droit à l’enregistrement civil.
Ces témoignages montrent qu’il existe un manque de coordination entre les directives officielles du RAVEC et leur application sur le terrain. Une harmonisation des pratiques s’impose pour garantir que tous les citoyens, qu’ils soient nés en Guinée ou à l’étranger puissent être recensés dans des conditions équitables et transparentes.
En attendant, les citoyens concernés sont invités à se rapprocher des autorités locales ou préfectorales pour se faire établir les documents nécessaires, notamment les jugements supplétifs et certificats de nationalité, afin de ne pas rester en marge de ce processus crucial.
Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com