Labé, 11 Août (IBC) – L’ancien maire UPR de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo regrette les anomalies constatées par la mission d’inspection du gouvernorat à la Mairie, mais impute la responsabilité première de ces faiblesses à la tutelle prérfectorale qui, apparemment n’a pas joué son rôle d’encadreur, dans le cadre du conseil et d’orientation vers les bonnes pratiques, rapporte votre quotidien en ligne InfosBruts.com à travers cette première partie de l’entretien que le doyen a accordé notre rédaction.
Extrait !
« Tous les problèmes soulevés par la mission d’inspection déployée à la Mairie de Labé par le gouvernorat relève de la gestion communale tout court. Gérer, suppose deux critères : vouloir bien gérer et savoir comment gérer.
Je voudrais rappeler une petite histoire que j’ai vécue personnellement pendant la Révolution quand j’étais inspecteur politique au Ministère du Développement Rural (MDR) de Kindia. J’ai été appelé à inspecter ce qu’on appelait à l’époque le Pouvoir Révolutionnaire d’Arrondissement (PRA) qui équivaut aujourd’hui à la commune rurale. Je suis allé inspecter les autorités du PRA, parce que j’avais reçu du chef de l’Etat un rapport de service anonyme qui dénonçait le premier responsable de ce PRA d’un détournement d’un million cinq cent mille sylis (1.500.000 Sylis). Quand j’ai reçu le rapport de Sékou Touré lui-même, j’ai tout abandonné pour traiter ce dossier et rendre compte dans les meilleurs délais possibles. Pour cette mission, j’ai pris mon adjoint, feu Abdoul Baldé, Gabro, devenu plus tard directeur central de la Surveillance du Territoire et des Voyages Officiels (DST), paix à son âme et le contrôleur politique de la fédération de Kindia. Nous sommes allés à bord d’une Jeep Russe pilotée par un lieutenant de la Gendarmerie. Nous avons trouvé qu’il y a effectivement un déficit qui n’atteignait pas 1 million 500 mille sylis. Il y avait un détournement de ciment, un détournement de tôles et un détournement d’argent espèces. Tout cela réuni faisait moins d’un million de sylis.
Quand on a réuni les responsables du PRA, c’est-à-dire de la commune rurale à l’époque pour restituer le constat de la mission, le premier responsable a reconnu les faits. Il a dit qu’il est effectif qu’il y a eu des dépenses qu’ils ne peuvent pas justifier.
A la question de savoir pourquoi ont-ils effectué ces dépenses, ils ont expliqué que depuis qu’ils ont été installé, d’abord chef de village, ensuite responsable de PRA, ils n’ont jamais reçu une inspection. Pour eux donc, l’argent et le matériel mis à leur disposition appartenaient à l’équipe, comme par le passé, comme pendant la féodalité. Ils sont les chefs, donc ils sont libres de disposer de ces biens-là comme ils l’entendent. Ils ne savaient qu’il y avait une procédure de gestion.
Lorsque j’ai entendu ces déclarations, j’étais très surpris. J’ai fouillé les archives, je me suis rendu compte qu’effectivement il n’y a jamais eu de missions d’inspection dans ce milieu. Et on leur a donné des fonds énormes à gérer au nom de la collectivité.
J’ai rendu compte fidèlement au président Ahmed Sékou Touré, en lui précisant qu’ils ont fait ces dérapages parce qu’ils estimaient que c’était pour eux. Ils ne savaient pas qu’ils devaient rendre des comptes.
J’ai ajouté qu’à mon avis, on ne peut pas les arrêter et les envoyer à la justice parce qu’ils n’ont jamais reçu de formation en matière de gestion. J’ai suggéré alors qu’on trouve une formule pour former rapidement les responsables locaux à la gestion des affaires de la collectivité. Sinon, ils ne connaissent absolument rien.
Finalement, le president Ahmed Sékou Touré a classé le dossier mais il a pris immédiatement des dispositions pour qu’on organise une série de formation pour les élus locaux.
Je raconte ça pour dire quoi ? Je regrette toutes les anomalies qui ont été constatées par la mission d’inspection du gouvernorat. Je félicite le gouvernorat pour l’initiative. Mais, si l’exécutif communal et ses services techniques sont à accuser dans cette mauvaise gestion, la responsabilité première est imputable à la tutelle.
La tutelle aurait pu faire ce contrôle pour éviter à l’exécutif communal et à ses services techniques de s’enfoncer dans une mauvaise gestion. Mais, si on les laisse faire, ils ne connaissent pas, ils n’agissent qu’en fonction de leur idée personnelle, il va sans dire que quand on parle d’orthodoxie financière ou comptable, ils vont passer à côté, parce qu’ils ne connaissent pas. C’est une jeune équipe, sans expérience en la matière. … »
La suite dans nos prochaines éditions.
IBC/11/08/2020 ISD 622 269 551 & 622 252 611