Foutah Djallon, 15 Mai (IBC) – La pandémie de coronavirus n’a pas encore dit son dernier mot. Après l’arrêt des activités économiques et les mesures prises par les autorités sanitaires, c’est au tour de la Fédération des Paysans du Foutah Djallon de dresser un bilan peu reluisant de la situation agricole dans la région, rapporte un correspondant de votre quotidien en ligne InfosBruts.com à Labé.
Ainsi, c’est Elhadj Mamadou Kourahoye Diallo, ingénieur agricole, qui tire la sonnette d’alarme sur la situation des cultivateurs de la région et plus particulièrement dans la localité de Timbi Madina, connue pour son excellence dans la culture de la pomme de terre.
« Vous le savez bien, la région du Foutah Djallon cultive la pomme de terre il y’a au moins 30 ans. Vous cultivez de la pomme de terre, vous êtes obligé de mettre assez d’engrais. Et si vous récoltez cette pomme de terre, vous êtes obligé de cultiver le maïs, puis l’arachide, du riz, de la tomate, des aubergines. C’est une façon de dire que si la culture de la pomme de terre est affaiblie au Foutah sa risque d’impacter les cultures potagères. Depuis que le coronavirus est apparu en Guinée, le gouvernement a pris des mesures notamment en fermant les bars et restaurants. Ils ont bloqué l’accès à toutes les frontières terrestres du pays. Mais, je me demande si c’était vraiment les dispositions à prendre sachant que tous ces fruits et légumes peuvent pourrir si ces produits ne sont pas écoulés à temps. Chaque cultivateur avait bien labouré son champ de pomme de terre, histoire pour chacun en ce qui le concerne de bien passer le ramadan » a expliqué cet ingénieur agricole et membre de la fédération.
Poursuivant son témoignage, Elhadj Kourahoye ajoute « qu’au moment où cette épidémie faisait son apparition en mars dernier dans le pays, on s’apprêtait à récolter au moins 15 mille tonnes de pomme de terre. Et ce tonnage, laissez-moi vous dire, qu’au moins 35.000 cultivateurs membres de la fédération s’y retrouvent. Certains ont labouré 100 m2, 200 m2, 10 m2 etc…. Ce sont toutes ces personnes qui se retrouvent dans les marchés hebdomadaires pour écouler cette pomme de terre. Finalement, avec l’interdiction de ces marchés cela ne peut pas être possible. Et ce qui est pire, la fédération a des chambres froides qui peuvent consommer 40 litre de gasoil par heure pour conserver ces pommes de terre. À l’heure qu’il fait nous nous inquiétons parce qu’il faut parler d’une décapitalisation du paysan. Dimanche dernier par exemple le kg de la pomme de terre a été vendu à 2000 fg soit une perte de prix estimé à 3000 fg » s’est-il lamenté.
La Fédération dit avoir reçu la réponse du Ministère de l’Agriculture répondant aux doléances des paysans. Mais à en croire ce responsable de la sécurité alimentaire de la Fédération de Timbi-Madina, le Ministère a promit de réagir mais en vain…. Elle mise désormais sur une solidarité nationale en vue de gagner des semences pour les futures récoltes.
IBC/15/05/2020 MBD/ISD